Je crois, au pouvoir de la parole. Je crois à la résilience / Par les mots. / Les nôtres. / Et ceux d’autres, aussi.
nous dit un des personnages de Marc Alexandre Oho Bambe dans Les lumières d’Oujda, publié en 2020. Il s’agit d’un livre polyphonique, qui laisse entendre les voix de “fugees”, de réfugiés, aux parcours et aux individualités multiples, même si nous suivons principalement l’histoire du narrateur interne. En filigrane apparaît la question essentielle : “pourquoi on part ?” comme un refrain. Roman O.V.N.I, il ne s’arrête pas à la narration mais se chante, s’écoute, ou se lit comme de la poésie. Les mots apparaissent tout au long de cette œuvre, aux yeux de l’auteur mais aussi de ces personnages, comme un enjeu capital.
Marc Alexandre Oho, en s’appuyant sur le ressenti du narrateur face à un discours problématique, parvient à nous transmettre des émotions ou au moins un point de vue différent. Il accompagne le lecteur pour décortiquer petit à petit les fausses notes des mots “migrants” ou encore “la question migratoire”. A travers des portraits mais surtout grâce aux mots, aux images et aux sons, il nous permet de voir à nouveau au-delà du discours généralisant, l’humain derrière “ces gens-là”. Cette expression, a déjà utilisée par Jacques Brel, comme un refrain d’une réalité violente, en 1965 pour démontrer à quel point elle pouvait être réductrice pour les êtres humains. Chanson qui fût reprise par l’artiste Abd Al Malik en 2006, pour “Les Autres” dans Gibraltar. Ce refrain rythme ici, la réflexion qui nous emmène vers un ailleurs, vers un bonheur.