Magnifique roman, que j’ai apprécié autant pour la qualité de l’écriture que par l’intérêt du thème !On fait connaissance avec une petite fille dont le langage étonne, par la naïveté qui contraste avec la pertinence de ses observations et de ce qu’elle se permet de créer avec les mots. Les sobriquets dont elle affuble ceux qui l’entourent, le lexique pseudo médical qu’elle invente, tout cela est si bien vu. Contexte médical donc, puisqu’Elba vit depuis sa naissance dans un hôpital psychiatrique, où sa mère a été internée sur la simple demande de son mari, lassé d’elle. Le temps n’est pas si loin, où cette pratique peuplaient les asiles de jeunes femmes qui devenaient vraiment folles au cours du temps. Anna Hope et Victoria Mas ont traité ce sujet il n’y a guère.
Dans un deuxième temps, nous recueillons les confidences de celui qu’Elba avait nommé « le jeunot », un psychiatre qui avait tenté d’ouvrir les portes de ces établissements de malheur. Il a soixante quinze ans, il a perdu la foi et se bât avec les affres de la vieillesse.
Les deux piliers de ce roman sont des personnages remarquables. Elba, pour son destin incroyable et sa verve. Le psychiatre, qui n’est pas un parangon de vertu. De belles idées certes mais de sacrées zones d’ombre. Sa sincérité lui vaut-elle un pardon ?
On lit avec passion ce récit accrocheur, témoignage d’une époque pour laquelle on ne peut pas dire que c’était mieux avant !
Un gros coup de coeur