"Les miracles du bazar Namiya" est une lecture qui m'a étonné. Pas tant pour son contenu : des histoires de vieilles bicoques mystérieuses et de lignes temporelles entremêlées, j'en ai lues d'autres, souvent en mieux. Mais ce qui m'a véritablement étonné, c'est d'avoir lu ce roman sans peine, avec un certain plaisir même, alors qu'en fin de compte il ne correspondait ni à mes attentes, ni à mes goûts.
Je suis pourtant très friand des intrigues qui se croisent, de ces récits où les événements et les personnages sont présentés alternativement sous différents points de vue... Mais là, le mécanisme mis en place par Keigo Higashino (auteur de polars japonais, que je ne connaissais pas jusqu'à présent) m'a paru trop visible, trop prévisible, donnant à l'ensemble un côté artificiel une fois qu'on a saisi le truc. Vu la manière dont le roman m'avait été vendu, je m'attendais à une plus forte teneur en fantastique et en mystère, alors qu'il penche surtout vers le feelgood – absolument pas ma tasse de thé. Je savais qu'il y aurait de la bienveillance et des bons sentiments, mais tout de même... On a presque une morale d'histoire pour enfants : bien sûr, au terme du roman, la bande de cambrioleurs aura décidé d'arrêter de voler, parce que c'est mal, et l'orpheline devenue businesswoman qui détruisait des entreprises pas assez rentables va désormais leur donner une seconde chance, parce que c'est plus gentil ainsi.
Le principal intérêt de ce roman, à mon sens, est d'être asiatique. J'ai plusieurs fois songé au cours de ma lecture que s'il avait été écrit par un francophone et se déroulait dans un contexte européen familier, il aurait été assez insipide. Tout en restant accessible à un lecteur occidental, "Les miracles du bazar Namiya" est très ancré dans son pays d'origine, il joue notamment beaucoup sur le contraste entre le Japon en pleine croissance des années 80 et le Japon contemporain frappé par les crises économiques et sociales.
La couverture, assez classe comme souvent chez Actes Sud, est un peu trompeuse : il aurait presque fallu une illustration aux couleurs flashy avec une jeune femme, des fleurs et des animaux mignons... Heureusement, "Les miracles du bazar Namiya" n'a pas été marketé comme un véritable roman feelgood, sinon je ne l'aurais jamais lu et ç'aurait été dommage. Bien qu'un peu trop léger et gentillet à mon goût, ce n'est pas un mauvais livre et je comprends qu'il ait séduit un large lectorat. D'une certaine manière je me suis pris au jeu : cette lecture facile, écrite dans un style simple, était finalement parfaite pour les deux ou trois nuits d'insomnie qu'elle a contribué à occuper.