Lente montée en horreur, basée sur la découverte d'une race antérieure, Les Montagnes hallucinées s'appuient avant tout sur un cadre naturellement angoissant et anxiogène : l'Antarctique. Vaste désert de glace où les vents violents et soudains peuvent provoquer les pires avaries, cet environnement belliqueux oblige les membres d'une expédition de découverte et d'étude à une grande préparation et à une grande prudence, mettant en alerte le lecteur autant que les protagonistes, les installant dans un climat de nervosité et de doute.
Ce décor est aussi propice à la plume à la fois poétique et scientifique de Lovecraft, lui permettant de décrire avec brio la moindre parcelle d’architecture ou de nature mais aussi de rapporter consciencieusement les évènements liés à l'étude scientifique des roches et découvertes biologiques. Parfois magnifique de poésie, toujours rigoureux et précis lorsqu'il relate les faits, l'auteur montre aussi les limites de sa méthodologie, ou tout du moins de son style.

Car cette méticulosité pourra, une minute après avoir accroché le lecteur, le perdre et l'ennuyer suite à l'abondance de jargon scientifique et à l'emploi d'un vocabulaire construit autour de la création d'une cosmogonie intéressante mais inconnue du lecteur avant cela.
Et puis Lovecraft se répète, rabâche parfois lorsqu'il évoque le travail de Roerich, faisant durer de manière artificielle un récit qui aurait pu être une nouvelle bien plus courte.
C'est bien dans la narration que l'auteur échoue là où il réussit dans la description et la création d'un environnement effrayant ainsi que dans l'écriture même, magnifique et unique.

Ces petits défauts n'empêchent toutefois pas totalement le récit d'atteindre son but et l'on ressent parfaitement l'inquiétude croissante du protagoniste principal, on s'interroge comme lui et l'on se perd avec lui dans ce qui apparaît comme des dédales anciens, ruines de cités ancestrales qui nous effraient et nous perdent aussi mentalement.
ngc111
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le 28 déc. 2014

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