J'intitule cette critique "de la littérature " car je crois avant tout que ce livre est une œuvre littéraire, qu'il agit comme un récit puissant qui bouleverse et que c'est presque une erreur que de le réduire à un compte rendu de cure psychanalytique.
Pour moi je place cette ouvrage à un niveau quasi semblable à celui du pavillon des cancéreux de Soljenitsyne. Dans l'un et l'autre cas le lecteur est mis en présence de personnes qui n'ont d'autres choix face à l'effondrement que provoque la maladie que de se confronter au sens de la vie. Notons que dans l'un et l'autre des récit le rêve occupe une place importante voire centrale. Si le roman de Soljenitsyne est choral celui de Marie Cardinal reste singulier mais l'un et l'autre questionne l'implication de l'histoire sur les individus. Le stalinisme pour Soljenitsyne et la guerre d'Algérie pour Cardinal. Mais la aussi les deux récits se rejoignent. Marie Cardinal expose à travers l'exemple d'un rêve hyper réaliste mais erroné la déformation extrême des souvenirs qui se recomposent de manière imaginaire pour produire du récit.
Soljenitsyne à travers la pluralité des destins met en scène les choix plus ou moins conscients qui nous orientent et là aussi le besoins absolu vital qu'à l'être humain de se composer une histoire.
Car il s'agit de celà avant tout de la nécessité que nous avons tous nous être humain de nous construire une histoire qui donne un sens à notre vie.
Et la psychanalyse dans tout celà ? Marie Cardinal est-elle vraiment sincère dans son récit ? La lecture de ce livre peut-elle aider ceux qui se questionne à s'engager dans une démarche ?
A ces questions je ne peux répondre que de manière nuancée.
D'abord MC intitule son texte roman et pour tous ceux qui se sont confronter avec un peu d'honnêteté à leurs propre passé sauront qu'il existent des contractions entre ce dont nous nous souvenons et ce que l'histoire propose comme ordre chronologique. C'est à mes yeux un mauvais procès à lui faire que de reprocher à MC d’intégrer certains souvenirs dans sont récits alors qu'ils serait intervenus dans sa vie à d'autres moments. C'est aussi ne pas connaitre l'aspect cyclique du discours d'une cure sur le divan comment on revient encore et toujours au même souvenirs rêves etc... dans un mouvement cyclique de manège ou de spirale.
Sur l'utilité du livre comme introduction à la psychanalyse, je suis là aussi nuancé, je dirais d'abord qu'on ne pousse pas la porte d'un cabinet de psychanalyste par simple hasard ou curiosité mais parce qu'on y est poussé par une nécessité de vitale. La psychanalyse de confort n'existe pas c'est une moment fort qui secoue et qui peut sauver aussi. En celà le récit de Marie Cardinal est très juste il donne de l'espoir et ne cache pas les efforts qui sont nécessaire. Après cela prendre ce livre pour un guide voyage en psyché-land est une erreur, tant chaque parcours est individuel, on s’inquiétera de ne pas avoir de symptôme physique comme Marie Cardinal, on se trouvera nul de ne pas parvenir à interpréter ses rêve etc.
Mais bon comme il faut aussi une porte d'entrée ce livre peut aussi remplir cet office là. Mais il n'est pas que cela et c'est avant tout une grande œuvre littéraire.