J’ai un souvenir très précis de ma première rencontre avec la Communication Non Violente. Le formateur était rubicond et visiblement passionné par sa matière. Après une longue et pénible introduction, il en vint à sa martingale, la valse en quatre temps, que vous livre brute de décoffrage :
• Observation : décrire la situation en termes d'observation partageable ;
• Sentiment et attitudes : exprimer les sentiments et attitudes suscités dans cette situation ;
• Besoin : clarifier le(s) besoin(s) ;
• Demande : émettre une demande réalisable, concrète, précise et formulée positivement. Le fait qu’elle soit accompagnée d'une formulation des besoins la rend négociable.
Vous savez tout. Voulez-vous un exemple ? Ma fille n’apprécie la musique que violente et ne l’écoute que très fort. Si furibond, je pénètre dans sa chambre, arrache la prise et lâche : « Tu nous soules avec ta soupe… », je ne suis pas CNV. Si j’en crois le rubicond, je devrais m’exprimer ainsi : « Ma chérie, ta musique expérimentale est jouée objectivement fort (O) ; j’ai le plus grand mal à me concentrer (S), or je dois rendre ma critique sur Rosenberg demain à l’aube (B), accepterez-tu de l’écouter au casque ce soir (D) ? » Je suis CNV. J’ai tenté et reçu en retour un très net « Tu me soules avec tes trucs inutiles ! ». J’étais déçu.
Pas le rubicond qui, avec l’enthousiasme communicatif d’un prédicateur évangéliste texan, reprit sa démonstration :
- Petit padawan, tu n’as pas écouté.
- Que nenni, j’ai fait le truc en quatre temps.
- Certes, mais tu n’étais pas prêt, la Force n’était pas en toi.
- Je t’écoute, oh maître rubicond.
- Maitre Rosenberg estime que nous devons « favoriser l'élan du cœur et nous relier à nous-mêmes et aux autres, laissant libre cours à notre bienveillance naturelle. » Comprends-tu ?
- Non.
- Pourquoi étais-tu furibond ?
- Parce que ma fille refuse de m’obéir.
- Certes, tu étais en colère, mais pourquoi ?
- Parce qu’elle fait trop de bruit.
- Certes, mais quelle importance ?
- J’ai besoin de me reposer.
- C’est vrai, tu as droit au repos. C’est un besoin légitime et ta colère était donc juste. Écoute ton corps et tes émotions. Recherche tes besoins et exprime-les à tes proches. Explique-lui.
- J’ai essayé !
- Tu étais encore furibond ! Calme-toi avant de parler et réfléchis. Quel est son besoin à elle ?
- Me souler.
- Je ne crois pas.
- Ah. Que veut-elle donc ?
- Demande-lui.
- (…)
- Petit padawan, peut-être voulait elle attirer ton attention.
- C’est réussi.
- Apprends à observer les faits, sans les évaluer en termes de bien ou de mal, ni les interpréter. Tout jugement tu proscriras. Troque le fatal « Tu es un fainéant » contre la description du fait : « Cela fait une semaine que tu n'es pas sorti de ta chambre. » Les mots sont des fenêtres qui libèrent. Comprends-tu ?
- Non.
- Cherche encore, la paix un jour tu trouveras et la paix, alors, tu communiqueras.
Je n’ai pas tout compris. C’est trop puissant la CNV, mais vous en savez désormais autant que moi.
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » Gandhi
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