L'histoire se déroule pendant le règne d'Henri III... Emilie est une jeune fille de noble famille qui a été élevée avec amour par ses parents, à la campagne, au fin fond des Pyrénées, loin du tumulte et de la corruption du grand monde, sous la sacro-sainte idée de la vertu. Mais sa mère meurt. Peu de temps après, c'est le tour de son père de rencontrer la Faucheuse. Le papa n'a pas trouvé mieux que de confier la tutelle de sa fille par testament à la tante de cette dernière, superficielle, orgueilleuse, totalement corrompue par le grand monde (Au lieu, je ne sais pas, de confier la tutelle à son meilleur pote, aimant vivre modestement et habitant juste à côté du domaine familial. Ce qui fait que l'héroïne aurait pu y rester ; moi, je dis ça... mais bon, c'est sûr qu'il n'y aurait pas eu de suite à l'histoire !)...
Et cette gourde de tante ne trouve pas mieux que d'épouser d'un Italien, du nom de Montini, véritable sociopathe, accessoirement chef d'une bande de brigands à ses heures perdues, totalement gouverné par les démons du jeu et de la cupidité. Monsieur charmant qui va cadenasser la tante et la nièce dans son château isolé, celui d'Udolphe, situé dans les Apennins...


Comme 90 % des gens d'aujourd'hui qui ont eu l'idée de lire ce roman, j'ai appris l'existence de ce dernier à travers la lecture du roman de Jane Austen, Northanger Abbey, dans lequel la protagoniste, Catherine Morland, a tendance à vouloir voir l'univers de ce roman gothique, entre nombreux autres, dans la réalité banale de son quotidien ; ce qui ne manque pas de donner moult scènes parodiques...


Mais revenons-en à l'objet parodié... Il fait plus de 800 pages, est-ce justifié ? Non, les 200 premières pages auraient dû être considérablement élaguées, les 180 dernières aussi. Les 200 premières en allant plus directement au fait qui va mener notre personnage "en captivité" sous l’œil du plus froid et cruel méchant, dans la plus sinistre des forteresses, les 180 dernières en se focalisant exclusivement sur les révélations finales (mais est-ce que j'en ai à foutre des tourments sentimentaux de l'héroïne et du personnage de Blanche !)...


Autre défaut, l'héroïne Emilie est franchement une tête à claques. A la moindre contrariété, soit elle pleurniche, soit elle s'évanouit. Comment s'attacher à une telle allégorie de la niaiserie ? Mais, mon Dieu, quelle conne...


Une autre chose, les personnages d'Ann Radcliffe sont ultra-typés. Il n'y a pas de gris, qu'il soit clair ou foncé. C'est soit tout blanc, soit tout noir. Les très gentils contre les très méchants, la vertu contre le vice... N'allez surtout pas chercher de finesse psychologique.


Faut-il ne pas lire pour autant ce roman gothique, si passionnant pour notre chère Catherine Morland ? La réponse est non. Une fois qu'on est au château d'Udolphe, véritable forteresse moyenâgeuse et gothique plantée au milieu de nulle part, ça devient particulièrement prenant. On a le droit à un véritable souffle gothique quand l'héroïne traîne, la nuit, dans les couloirs, les souterrains, les passages secrets les plus glauques qui soient. Les pages se tournent ici à une vitesse impressionnante.


Autre raison de ne pas passer à côté de cette oeuvre malgré ses défauts, les révélations finales, nombreuses, dont certaines ne manquent pas d'être vraiment surprenantes.


Et si dans les trop longues premières 200 pages, elles paraissent fastidieuses, les longues descriptions des lieux sont particulièrement réussies et concourent à bien plonger dans une véritable atmosphère.


Donc, sans être aussi fan que cette chère Catherine Morland, je ne peux que recommander de faire comme elle et donc de plonger dans ce roman qui sait être, dans ses meilleures pages, particulièrement captivant.

Plume231
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le 3 juil. 2017

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Plume231

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