Pour les adeptes de héros charismatiques et tourmentés...
« Nine Dragons » est le dernier opus né de la plume de Michael Connelly à avoir été traduit en français. Il est paru sous le titre « Les Neuf Dragons » aux Editions du Seuil en mai dernier. Je suis un adepte fidèle de l'œuvre de ce célèbre auteur de polar. Aucune de ses productions ne m'a déçu et chacune d'entre elles m'a permis de passer des moments agréables. D'un format classique, cet ouvrage d'environ quatre cents pages est vendu à un prix un petit supérieur à vingt euros. A travers les photos qui l'ornent, la couverture semble nous plonger dans un univers asiatique qui semble être Hong Kong. Verra-t-on donc enfin ce cher Harry Bosch, héros récurrent de l'écrivain, quitter les frontières américaines et sa Californie pour s'immerger dans une culture et des dangers jusqu'alors inconnus ?
L'histoire débute à Los Angeles. Bosch se voit confier une affaire de meurtre dans le quartier chinois. Un vieil homme a été assassiné dans sa boutique. Alors que l'enquête semble mener vers un cambriolage qui a mal tourné, certains éléments tendent à faire le lien avec les triades chinoises. C'est donc dans un univers dangereux et inconnu que Bosch s'apprête à pénétrer. Accompagné de l'inspecteur Chu, il découvre que les méchants n'aiment pas qu'on se mêle de leurs affaires. Et tous les moyens sont bons pour vous faire lâcher prise...
Comme je l'indique dans mon introduction, j'ai lu l'intégralité des romans de Connelly. C'est donc logiquement qu'Harry Bosch est un héros qui m'est familier. Il s'agit en effet du protagoniste le plus récurrent de l'auteur. Personnage torturé, il est inspecteur qui peut être amené à flirter avec les limites pour arriver à faire triompher la justice. Chacune de ses enquêtes nous le font découvrir davantage. En découvrant « Les Neuf Dragons », j'ai donc eu l'impression de retrouver quelqu'un de familier. Je rassure néanmoins les lecteurs qui n'ont jamais eu le plaisir de découvrir une des aventures de Bosch, la lecture de cet ouvrage ne vous est pas interdite. Elle ne nécessite pas de pré-requis particuliers concernant les personnages.
Comme à son habitude, l'auteur nous offre un polar. Il répond à tous les codes narratifs du genre. La trame commence par la mise en place de l'affaire. Puis au fur et à mesure que l'enquête avance, le crime n'est pas seulement ce qu'il semblait être. Les fausses pistes apparaissent, les protagonistes se multiplient. Bref, on s'immerge complètement dans l'enquête. La première partie du livre répond parfaitement à ces règles. Suite à un événement particuliers, Bosch est amené à enquêter à Hong Kong. Au-delà du dépaysement logique, la trame change de rythme. On quitte l'intrigue policière pour entrer dans un rythme plus proche d'un épisode de la série « 24 ». La décharge d'adrénaline est permanente, la course contre la montre est engagée. Je trouve que la transition entre les deux parties se fait plutôt bien. Néanmoins, je peux comprendre que certains habitués de l'auteur ont été perturbés par ce changement de style. Cela n'a pas été mon cas. J'ai pris plutôt plaisir à découvrir Bosch lancer dans une chasse effrénée dans les rues de Hong Kong. Néanmoins, je ne vous cache pas que je préfère malgré tout le ton de la première moitié.
En plus de nous offrir une intrigue plutôt prenante, Connelly exploite au mieux une galerie de personnages assez travaillés. Je ne vais pas faire de listing car cela vous gâcherait leur découverte. Mais sachez qu'en quelques lignes, Connelly arrive à leur donner une consistance, une personnalité. Nous n'avons aucun mal à les imaginer, à les visualiser. De plus, « Les Neuf Dragons » nous donne l'occasion de découvrir une autre facette d'Harry Bosch. Il s'agit incontestablement d'un personnage pour lequel j'ai beaucoup d'affection malgré ses nombreux défauts. Il fait partie de ces gens avec lesquels vous ne voudriez pas habiter, vous auriez du mal à travailler et pourtant vous ressentez une empathie certaine à leur encontre. Les sentiments humains restent inexplicables...
En conclusion, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cet ouvrage. Il se lit aisément et ne lasse jamais. Certes, il n'a l'intensité de certains opus de Connelly, mais cela ne l'empêche d'être un bon polar qui devrait ravir les adeptes du genre. Le style est facile d'accès et rend la lecture aisée et passionnante. L'intrigue est prenante sans être trop touffue et inextricable. De plus, le dénouement n'est total que dans les dernières pages et je ne trouve pas la fin abracadabrantesque ou bâclée. Je ne peux donc que vous le conseiller. En ces périodes estivales, il ferait un compagnon de qualité pour accompagner vos bains de soleil sur la plage...