Un des meilleurs livre sur les hommes en guerre.
Avant de commencer cette critique, il faut savoir que ce livre se base partiellement sur les souvenirs de Norman Mailer, à partir de lettre codée qu'il faisait passer à sa femme pendant le conflit pour éviter la censure.
C'est un ouvrage assez extraordinaire par sa sécheresse et par son refus de tout sentimentalisme. Au contraire, il se jette dans une espèce d'horreur psychologique assez intense, plus éprouvant encore que le Roman de James Jones, la ligne rouge, qui avait un ton parfois ironique, les nus et les mort ne fait pas de cadeau, et n'hésite pas a mettre le lecteur a terre et lui donner des cous de pieds pour être sur de l'achever.
Pour faire bref, on suit essentiellement trois lignes narratives parrallèle, qui finissent par s'entrecroiser et, bien entendu, n'en former plus qu'une. La première suit une section reconnaissance, petite unité d'infanterie peuplée d'hommes plus ou moins ordinaire. La deuxième explore le passé de certains de ses soldats et la troisième explore les rapports des officiers Hearns et et de son supérieur, cummings.
Tout ça en toile de fond de guerre du pacifique et d'une lutte pour une petite île quasi-insignifiante.
Et autant dire que l'image de l'armée (et de la société américaine) en prend pour son grade : Les hommes y sont racistes, ignorants, souvent lâche et mesquin, et ceux qui ne le sont pas meurent à plus ou moins brève échéance. Les plus héroïques le sont par accident, par ambition, ou par soif de sang. La moralité et l'idéalisme tournent en disparaissant dans la cuvette des toilettes de l'oublis apporté par la victoire, elle-même obtenue malgré l'échec permanent, parce que l'adversaire aura échoué plus encore que soi-même.
La seule justice véritable, apparaît dans la nature implacable, qui frappe aveuglément tous les hommes sans discernement aucun et sans beaucoup plus de pitié.
Le plus formidable, dans tous cela, est que l'on trouve le temps d'éprouver de l'empathie pour ses personnages, ses figures rugueuses et dures, qui font la guerre, parce que l'on comprend la volonté fondamentale de survie qu'ils paient le plus souvent en vendant leur âmes à leurs pires instincts, alors même que l'on comprend, après le premier chapitre, que tous n'en sortirons pas vivants, ni entier psychologiquement.
Une oeuvre noire, implacable, qui vous laisse K.O. et que n'aurait pas sans doute pas renier Sam Peckinpah.