Atteint d’une grave maladie, William Fiennes se retrouve coincé chez lui. Il retrouve l’espoir et redécouvrant un roman qui a marqué son enfance, L’oie des neiges de Pirkko Vainio. Il se passionne alors pour ces oiseaux qui hivernent dans le golfe du Mexique et qui nidifient dans l’Antarctique. En quête de renaissance, il entreprend à pied ce voyage en même temps qu’eux. Tout au long de son trajet, il s’interroge sur les raisons qui poussent les oiseaux à migrer, mais aussi sur le mal du pays et la solitude.
La nature est au cœur de son livre. Il nous décrit les paysages avec beaucoup de précision, on en ressent la sérénité et la majesté. Il nous explique aussi certaines recherches ornithologiques. Il profite de son voyage pour lire énormément d’ouvrages sur les oiseaux et pour avoir une plus grande connaissance des phénomènes migratoires. Il cite plusieurs études et les explicite. Il nous montre tout ce qui entre en compte dans les migrations et les diverses manières qu’ont les oiseaux pour retrouver leur chemin chaque année. C’est raconté de manière claire et pédagogique.
Le long du chemin, il nous parle des paysages mais aussi de l’Amérique qu’il rencontre. Il décrit avec minutie les gens qu’il côtoie le temps d’un voyage en bus, et ceux qui l’aident dans son projet. Il ne donne jamais de jugement sur eux, il se contente de relater ces rencontres. Il reste dans son rôle d’observateur de la nature et des hommes. Il y a beaucoup de pudeur et de bienveillance chez William Fiennes. Quand il se retrouve sur l’île Baffy avec des inuits, les seuls acceptant de le mener dans ces terres hostiles en plein dégel, il se trouve dans une situation délicate. En effet, ces derniers sont venus pour chasser les oies des neiges et lui proposent d’en manger avec eux. Par crainte de froisser ces hôtes, il se retrouve à manger les oiseaux qu’il a suivis pendant de longs mois et auxquels il s’est attaché. C’est un passage assez particulier où l’on sent le malaise de l’auteur.
William Fiennes se livre aussi à une série de réflexions autour du mal du pays en s’appuyant sur des études scientifiques. Il cite des exemples de patients gravement malades qui ne trouvèrent la guérison qu’une fois rentrés chez eux. A fils de son voyage, il sent lui aussi le besoin de retourner dans son village natal et de retrouver sa vie d’avant. Il explique les bienfaits d’avoir un lieu à soi ainsi que ceux de le quitter parfois. Il dit au sujet de sa maison d’enfance :
"Aussi loin que remontent mes souvenirs, rien n’avait changé et cette permanence laissait entendre que l’on pouvait compter sur le monde."
C’est un livre qui nous invite à savourer le plaisir d’être chez soi et celui d’en partir.