Dans ma version anglaise, il y a six nouvelles, dans cet ordre :


– Monte Verità (une histoire de quête spirituelle dans les montagnes)


– The Birds - Les Oiseaux (les oiseaux attaquent - l'histoire n'est plus à présenter)


– The Apple Tree - Le Pommier (l'histoire d'une homme veuf hanté par le souvenir de sa femme)


– The Little Photographer - Le Petit Photographe (l'histoire d'une marquise délaissée par son mari qui envisage d'être infidèle pour tromper avant tout son ennui)


– Kiss Me again, Stranger - Encore un Baiser (l'histoire d'un homme qui suit une ouvreuse de cinéma plutôt étrange)


– The Old Man - Le Vieux (la courte histoire d'un vieux qui vit près d'un lac avec sa famille)


Je ne suis pas sûre que ce soit les mêmes nouvelles dans ce recueil français, mais je vais faire la critique de ce que j'ai lu...


J'ai commencé ma lecture par Les Oiseaux, puisque c'est la nouvelle la plus connue et celle qui m'intriguait le plus, même si ce n'était pas la première du recueil. Je n'ai pas (encore) vu le film d'Hitchcock et, au vu des critiques de personnes qui ont vu le film, je crois que c'est tant mieux. J'ai adoré cette nouvelle ! Je dirais qu'il y a deux lectures possibles : on peut replacer l'histoire dans son contexte – la nouvelle ayant été écrite une dizaine d'années après la Seconde Guerre Mondiale – et y lire une métaphore des attaques aériennes qui ont touché l'Angleterre, et tout particulièrement Londres ; mais on peut aussi apprécier cette nouvelle avec notre œil de lecteur moderne et voir dans ce court récit le déroulement d'une catastrophe environnementale mystérieuse qui tourne rapidement au post-apocalyptique. C'est d'autant plus facile d'y voir une histoire de survie désespérée quand on se rend compte de la modernité de la plume de Daphne du Maurier pour l'époque. J'ai déjà lu des critiques qui ne lui trouvaient aucun style particulier, et je dois bien dire que cela me surprend. Après avoir lu 4 ouvrages d'elle, je trouve que son style, s'il est certes inégal du fait de sa variété, est tout sauf banal. Daphne du Maurier a une manière de décrire les ambiances et de vous plonger dans des atmosphères angoissantes qui n'a rien à envier aux auteurs gothiques du 19ème siècle, le côté classique (et parfois indigeste) en moins.
Je me souviens avoir lu quelque part que Daphne du Maurier n'avait pas aimé l'adaptation de Hitchcock, ce qui veut dire que l'auteure et le réalisateur avaient quelque chose de bien différent en tête... Mais ne peut-on pas apprécier les deux, indépendamment, sans toujours chercher à comparer et descendre l'un pour apprécier l'autre ?


J'ai ensuite lu Monte Verità. Avant de lire cette nouvelle, je ne savais pas que l'histoire était inspirée d'une vraie communauté. Je n'avais jamais entendu parler du vrai Monte Verità et c'est notre ami Google qui m'en a appris l'existence alors que je cherchais des critiques de cette nouvelle. Mon ressenti pendant la lecture n'ayant donc pas été influencé par cette information, j'ai apprécié cette nouvelle comme une histoire de quête spirituelle plutôt étrange. J'ai trouvé Anna à la fois inquiétante et intéressante, et le fait qu'elle soit si indépendante me l'a rendue aussi inspirante que désagréable. J'ai peut-être été légèrement déçue par la fin... J'aurais préféré que le mystère reste entier ou que la vérité soit plus mystique encore.


J'ai ensuite lu Le pommier. J'ai trouvé cette histoire assez malsaine. Les descriptions visuelles et olfactives, les souvenirs amers du mari, ainsi que le portrait de ce couple qui ne se supporte plus, m'ont mise mal à l'aise et je dirais que c'est signe d'une histoire réussie. Je ne peux pas dire que j'ai aimé, mais d'un point de vue littéraire et psychologique l'histoire est bien construite.


J'ai continué avec la nouvelle Le petit photographe, que j'ai beaucoup aimée. Le personnage de la marquise est à la fois indifférent et malheureux, et il y a une pointe de tragique dans son histoire qui nous empêche de la détester complètement. J'ai été surprise par le développement du récit et je me suis volontiers laissée embarquée dans l'angoisse du personnage. J'ai trouvé l'écriture subtile : tout est dit sans que tout ne soit écrit, et la fin en ressort plus oppressante encore.


Encore un baiser m'a paru assez prévisible et légèrement absurde mais reste de bonne facture tout de même. Le style reste agréable à lire et le petit côté gothique et inquiétant que j'aime tant chez Daphne du Maurier est là. La nouvelle en elle-même n'est toutefois pas inoubliable...


Enfin, Le vieux est une très courte nouvelle mais très bien pensée. La fin m'a poussée à reprendre les pages du début pour vérifier


... ce que vous aurez envie de vérifier aussi une fois la nouvelle finie :)


Globalement, j'ai pris plaisir à lire ce recueil de nouvelles assez différentes les unes des autres. La psychologie des personnages est plus ou moins bien faite selon les nouvelles, mais les atmosphères sont toujours riches et bien présentes. Daphne du Maurier est une auteure qui parvient toujours à m'emporter dans son univers, quel qu'il soit. Son écriture laisse toujours la place à la visualisation et à l'imagination et fait réfléchir si l'on prend le temps d'apprécier ce qu'elle a voulu transmettre.

Avalon
8
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le 15 juil. 2017

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Avalon

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