Il m'a fallu très peu de temps pour rentrer dans ce livre et pourtant, j'ai craint de le mésestimer dès que le portrait de la mère d'Eva a été amorcé : son machiavélisme me paraissait caricatural et improbable. Mais dès lors que je suis parvenue à admettre l'inclination romanesque de ce récit, j'ai enfin pu lâcher prise et m'imprégner des confidences d'Eva sans leur opposer de résistance.

La narratrice m'a fascinée par sa complexité psychologique, son ambivalence. Comme les roses, elle renferme une beauté sauvage et piquante pour tout qui s'approche d'un peu trop près... Forte et fragile à la fois, elle dégage quelque chose de brut (voire de « pur », en dépit de son immoralité) et de touchant. Eva prend vie entre les lignes au point qu'on en oublie qu'elle n'est que le fruit de l'imagination d'un auteur...

Ce roman retrace la progression d'un printemps intérieur. L'écriture provoque en effet pour Eva l'éveil d'une sensibilité paralysée depuis l'adolescence. Fluide et poétique, sa plume donne vie à une atmosphère subjuguante et fleurie même dans les moments les plus dérangeants.

Tout est savoureux, dans ce roman. L'écriture est pleine de finesse ; la construction, originale ; le suspense, impeccablement maîtrisé ; les personnages sont attachants... On y trouve de justes réflexions sur la violence psychologique, la construction de soi, la maternité et la relation parents-enfants, ainsi qu'une vision du monde déroutante, une nostalgie qui tend à faire jaillir les larmes, des injustices et une tension qui rendent fou, un fatalisme rude mais émouvant... Je pourrais vanter ses mérites sur des pages et des pages si les mots ne me manquaient pas, comme à chaque fois que j'ai un coup de cœur.

J'ai dévoré ce livre avec avidité, et je pense qu'il me poursuivra longtemps... Remarquable, je vous conseille de le découvrir de toute urgence !
Reka
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Livres

Créée

le 15 avr. 2012

Critique lue 779 fois

3 j'aime

2 commentaires

Reka

Écrit par

Critique lue 779 fois

3
2

D'autres avis sur Les oreilles de Buster

Les oreilles de Buster
CathyB
7

Pourquoi j'ai tué ma mère

Eva a 56 ans, et une vie en apparence bien rangée. Son quotidien parait paisible entre son compagnon, Sven, ses amies, et surtout ses rosiers dont elle s'occupe avec soin. Le jour de son...

le 13 août 2011

4 j'aime

Les oreilles de Buster
Reka
8

Critique de Les oreilles de Buster par Reka

Il m'a fallu très peu de temps pour rentrer dans ce livre et pourtant, j'ai craint de le mésestimer dès que le portrait de la mère d'Eva a été amorcé : son machiavélisme me paraissait caricatural et...

Par

le 15 avr. 2012

3 j'aime

2

Les oreilles de Buster
Cinephile-doux
9

Des roses, du vin et un peu de haine

Une petite ville suédoise. Tranquille. Eva, une dame de 56 ans. Sans histoire. Elle s'occupe de ses rosiers avec amour et s'octroie un petit verre de vin, le soir, en rédigeant son journal intime...

le 2 févr. 2017

1 j'aime

Du même critique

La Délicatesse
Reka
2

Critique de La Délicatesse par Reka

Précepte premier : ne pas lire la quatrième de couverture(*) de ce fichu bouquin. (*) « François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale...

Par

le 19 mars 2011

28 j'aime

3

Il faut qu'on parle de Kévin
Reka
9

Critique de Il faut qu'on parle de Kévin par Reka

Eva Khatchadourian entreprend d'écrire à son ex-mari, Franklin, pour réévoquer le cas de leur fils, Kevin. A seize ans, celui-ci a écopé de sept années de prison ferme en assassinant et blessant...

Par

le 7 janv. 2011

24 j'aime

2

Le Chœur des femmes
Reka
6

Critique de Le Chœur des femmes par Reka

Le tempérament contestataire et farouche de Jean Atwood m'a particulièrement amusée et a par conséquent contribué à une immersion rapide et facile au sein de l'ouvrage. Le roman de Martin Winckler...

Par

le 29 mai 2012

20 j'aime