ID Software et Blizzard Entertainment sont deux studios qui ont profondément marqué l'évolution du jeu vidéo. Tandis que Blizzard a révolutionné le hack 'n' slash, les jeux de stratégie en temps réel, et a établi les bases du MMORPG moderne, ID Software a, en trois jeux, jeté les fondations du jeu de tir à la première personne.
Une entreprise et deux personnalités antagonistes
Il n'y a pas plus dissemblables que John Romero et John Carmack. Le premier était un créatif exceptionnel, mais il possédait également une tendance à la distorsion de la réalité, similaire à celle de Steve Jobs, ce qui a notamment conduit à son départ d'ID Software.
D'un autre côté, nous avons John Carmack, le magicien du code, un créateur extraordinaire qui a développé des technologies toujours utilisées aujourd'hui. La progression fulgurante du FPS, de Wolfenstein 3D à Quake en quelques années, est comparable au bond quantique observé aujourd'hui avec les intelligences artificielles génératives. Carmack, lecteur passionné de "L'Éthique des hackers", est tout aussi important dans l'histoire informatique que Seymour Cray, Linus Torvalds, Bjarne Stroustrup, Andy Moore, ou Steve Wozniak.
Mon expérience avec ID Software
J'ai découvert ID Software avec le premier Quake. À l'époque, la presse vidéoludique, surtout française, ignorait tout du drame qui se déroulait au sein de l'entreprise texane. Je suis toujours admiratif devant la trilogie Quake. Carmack, avec les moyens technologiques grand public de l'époque, a pu libérer sa créativité grâce aux cartes accélératrices 3DFx puis Nvidia avec Quake 3. Cependant, malgré ses compétences techniques remarquables, il n'a jamais su communiquer efficacement avec les autres, ce qui a conduit à la perte d'indépendance d'ID Software.
Romero est aussi mégalomane que Carmack est introspectif. La vidéo du Joueur du Grenier (JDG) a été indulgente par rapport à "Daikatana" et à la destinée lamentable d'ION Storm. La réalité, telle que décrite dans les livres, est bien plus crue.
Les lectures incontournables
"Les origines de Doom" se lit comme un récit historique, inconnu de nombreux geeks, et qui raconte un moment charnière de l'industrie du jeu vidéo ainsi que des paniques morales aux États-Unis. Si vous avez aimé "L'Éthique des hackers", lisez celui-ci, puis enchaînez avec "Le Samouraï virtuel" et la trilogie "Cryptonomicon".