Après "Des grives aux loups", voici le deuxième tome de la saga des "Gens de Saint-Libéral" de Claude Michelet.
Le vieux Jean-Edouard Vialhe, en vieillissant, a fini par mettre de l'eau dans son vin et passer la main à son fils Pierre-Edouard. Ce deuxième tome, c'est celui de Pierre-Edouard qui devient le chef de la famille Vialhe. L'action démarre dans les années 20 pour se terminer 50 ans plus tard aux noces d'or du couple Pierre-Edouard et Mathilde en 1968.


Bien que le village de Saint-Libéral soit un peu à l'écart, il n'empêche que la famille aura à trembler à l'occasion de la deuxième guerre mondiale puis de la guerre d'Algérie. Le livre alternera les moments de bonheur et es moments tragiques que toujours, la famille finit par surmonter.
L'entre-deux-guerres puis les Trente Glorieuses sont des périodes qui voient une accélération des mutations dans la société rurale, la mécanisation d'une part et l'exode rural, le dépeuplement progressif des campagnes d'autre part.


Le style de Michelet est comme toujours d'une grande délicatesse, finement ciselé pour raconter la vie simple et laborieuse de cette famille ainsi que des villageois. Même si Michelet recadre le roman au milieu des évènements politiques et économiques, même si les relations intergénérationnelles sont parfois très rugueuses jusqu'à la rupture, le regard qu'il porte à ses personnages est toujours plein de respect et d'empathie.
Lorsque les gendarmes viennent annoncer la mort du fils Paul en Algérie à Pierre-Edouard, il leur répond :
Partez maintenant, moi, j'ai à faire. Il faut que je prévienne Mathilde, ma petite Mathilde, vous comprenez ?
Il tourna les talons et marcha lentement vers la maison. Et lorsqu'il poussa la porte et qu'un flot de soleil et de lumière s'engouffra dans la pièce, il sut pourtant qu'il entrait dans le noir.

Mais justement pour tenter de décrire la spécificité du style de Michelet à travers cet extrait, je pourrais dire qu'il reste dans la suggestion ou dans la discrétion c'est-à-dire dans le respect absolu du chagrin du couple. Pas d'indécence, pas de voyeurisme, pas d'indélicatesse. Juste quelques mots bouleversants suffisent pour montrer la peine infinie que des parents peuvent ressentir lorsqu'ils perdent un enfant.


Encore une fois, le roman est très dense, passionnant, du style "difficile à lâcher". Comme le livre, comme toujours, se termine sur une page d'espoir, on referme le livre avec l'âme apaisée dans l'attente du troisième tome ...


Et puis, un petit dernier pour la route :
Tu es belle, j'aime tes rides et je les connais toutes, elles sont tes décorations à toi. Celle-là, dit-il en caressant un petit sillon à la commissure des lèvres, c'est la première, elle date de 17, quand je suis reparti au front, et ma blessure de 18 l'a creusée un peu plus.

JeanG55
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le 7 févr. 2022

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