Un roman ? Non.
Une nouvelle ? Peut-être.
Une récréation ? Certainement.
Et c’est tant mieux parce que je suis en train de lire un livre passionnant, mais qui me prend la tête…
Alors là, c’est l’histoire d’un mec qui claque sa porte en laissant ses clés à l’intérieur – je n’ai jamais compris ces portes à la c… qui ont un malin plaisir à vous enfermer dehors ! – et évidemment, l’imbécile a, en plus, oublié de mettre ses chaussures. Ça vous arrive souvent d’oublier de mettre vos chaussures pour sortir ? Qui plus est, le jour où vous oubliez de prendre vos clés ? Eh bien le copain de Luc-Michel Fouassier, c’est peut-être la première fois que ça lui arrive, mais ça lui permet d’écrire un petit bouquin, à Luc-Michel !
On apprend que Luc-Michel Fouassier est né en mai 68, non loin des pavés, en région parisienne. Ses premiers livres sont parus en Belgique. Au contact de nos amis wallons, il a acquis la conviction que l’humour bien troussé et bien chaussé reste le moyen de lutter le plus efficace contre les fâcheux de tous poils. Pas étonnant que ses bouquins débordent d’esprit. Il est l'auteur de quatre recueils de nouvelles publiés aux éditions Quadrature : "Histoires Jivaro", "Les hommes à lunettes n'aiment pas se battre", "Deux ans de vacances et plus" et "Petites foulées au bord d'un canal".
Pour compléter la présentation, je dirai que "Les pantoufles" furent présentées avec enthousiasme par "Riquet à la Houppe" (Alias Gérard Collard) dans sa rubrique "Des livres et moi" du magazine de la Santé de la Cinq du 18/03/2022.
Donc, notre étourdi se retrouve à la rue, sans ses clés, et en pantoufles. De superbes pantoufles "Charentaises", pure laine, en tissus écossais, à la semelle de feutre lui donnant une douce sensation de moquette moelleuse, douillette à souhait ! « Je n'étais pas devenu l'homme invisible, mais l'homme silencieux. Je ne foulais plus le même sol que mes congénères, j'avançais en marge. A côté de mes pompes, en quelque sorte. »
Le voilà confronté à toutes sortes de situations qui, en d’autres circonstances eussent été banales, mais en pantoufles… un brainstorming au bureau, la société marchande, le monde de l’art, la police, les amis, la famille…
Bon, il ne donne pas de leçons, mais quand-même…
Quel beau rôle ont ses pantoufles lors de ce vernissage dans le Beau Monde intellectuel très mondain qui l’interroge sur le sens profond de ses pantoufles : « J’expliquais à mes interlocuteurs que l’artiste devait se positionner. Faire son choix. Créer, c’est choisir. Et choisir, prendre un risque. L’œuvre ou l’acte. L’exaltation de la beauté plastique ne me suffisait plus. Je privilégiais l’acte, mais en l’affranchissant du devoir de fabrication manuelle pour concentrer la création dans le travail de conception. Il fallait se départir des canons esthétiques et conceptuels. » Et devant les regards émerveillés et conquis de l’assistance, d’ajouter, pour faire bonne mesure : « Je voulais laisser mon empreinte dans l’histoire de l’art, et j’insistais sur le fait qu’il me seyait assez qu’elle eût la forme d’une semelle de charentaise. » L’auditoire, subjugué, aurait applaudi à tout rompre… s’il n’avait pas eu entre les mains une coupe de Champagne !…
Vous aurez compris qu’il s’agit, là, d’un gentil divertissement, à ne pas mettre entre toutes les mains. L’humour est une manne réservée à des esprits ni trop compliqués ni trop exigeants. Quand bien-même le texte serait-il généralement conjugué au passé simple, voire, à l’imparfait du subjonctif…
Les pantoufles ?
Des chaussons de grand-père ? Allons, donc ! C’est « la quintessence de la sublimation de l’objet, la dérive de celui-ci dans le champ du réel le plus trivial pour l’amener à quitter ce réel et parvenir au statut d’œuvre d’art. »
Ah. Mais !
P.S. : Quelque extraits dans la liste Q - FRAGMENTS