Première "nouvelle" de Stefan Zweig, dans laquelle on sent l'influence de Balzac, auquel l'écrivain autrichien consacrera d'ailleurs une biographie. Je pense notamment au Chef d'oeuvre inconnu, qui aborde lui aussi la thématique des ressorts de la création artistique.
La figure du vieillard qui se régénère au contact de la jeunesse sera reprise dans l'enthousiasmant Ivresse de la métamorphose, mon préféré de Stefan Zweig. S'y ajoutent ici les thèmes des guerres de religions : préjugés de part et d'autre entre chrétiens et juifs, montée de la folie destructrice des protestants face aux catholiques - qui n'auront rien à leur envier dans leur réplique, mais cela le roman ne l'aborde pas.
Les prodiges de la vie traite aussi de l'éveil de l'instinct maternel chez une adolescente, d'une manière que j'ai trouvée un peu outrée. J'ai eu quelque peine à croire à cette passion dévorante pour un bébé qui n'est pas le sien. Encore moins qu'elle puisse y substituer l'adoration d'une toile. Comme toujours, on note une tendance à l'emphase avec la multiplication de phrases du type "jamais elle n'avait ressenti à tel point", "jamais elle ne s'était senti aussi épanouie", "jamais...".
Quant à l'écriture, si elle reste admirable, elle est plus chargée que ce que fera Zweig par la suite : plus proche d'un Balzac en fait. Je préfère le Zweig plus épuré de La confusion des sentiments ou du Joueur d'échecs.