Je n'ai pas grand-chose à ajouter à la critique de LolOh, néanmoins j'ai à dire sur Les Prodiges de la vie, donc je me lance.
Il me semble que cette courte nouvelle extrêmement prenante de Zweig est une véritable ode à la vie, qui soulève des problèmes théologiques de premier ordre. On hésite entre Dieu et la vie, on va au-delà des religions (ici sont évoqués le judaïsme, le catholicisme et le protestantisme), on éprouve avec force le mysticisme du vieux peintre et de la jeune Esther, la Vierge qui se transforme en Madone. Une véritable interrogation sur la religion qui laisse pantois, quand on voit que la religion adoptée par l'héroïne est la vénération d'un tableau, à travers la découverte de l'amour maternel, de la fécondité, des "prodiges de la vie".
On sent aussi combien les personnages (qui ne sont qu'au nombre de deux mais qui sont riches, riches, d'une complexité qui va jusqu'à la folie) virevoltent, combien leur psychologie est étoffée, et on ressent d'ailleurs l'importance de la psychanalyse dans l'oeuvre de Zweig.
Une oeuvre assez bouleversante, mystérieuse, attachée à des thèmes forts, qui se dévore en un rien de temps. Pour un peu, telle une Sainte Thérèse d'Avila, je me sentirais touchée par l'extase mystique.