A côté de narrations historiques et d'envolées lyriques et théologiques, la Bible se devait de recueillir un de ces rares ouvrages moraux fondés sur une collection d'aphorismes, pas si nombreux que cela, entre Epictète, Marc-Aurêle, et jusqu'à Cioran.
Comme plusieurs autres livres de la Bible, celui-ci est une compilation de plusieurs recueils distincts, dont tous ne peuvent être attribués au roi Salomon, qui sert en partie de prête-nom.
Le contenu est assez souvent misogyne, surtout quand la femme est adultère, mais cette attitude va plus loin qu'une simple phallocratie proche-orientale. En effet, le livre contient une prosopopée de la Sagesse, en la personnifiant sous la forme d'une femme si parfaite qu'elle est présentée comme existant depuis les débuts de la Création, à côté du Créateur. La Sagesse a sa propre maison aux "sept piliers" (voir le titre du livre de Thomas Edward Lawrence).
Cette personnification de la Sagesse a une forte résonance psychanalytique. Jung y verrait sans peine une forme de l'anima du peuple hébreu, et analyserait les vicissitudes de la relation que le monde masculin juif entretient avec cet archétype. Il apparaît déjà que son idéalisation excessive la rend peu propice à favoriser une individuation aisée, d'où la culpabilité récurrente et le pessimisme fondamental de la mentalité juive.
Par ailleurs, l'image de Sophia (La Sagesse, en grec) a nourri toutes les méditations et les visions des théologiens, mais aussi des ésotéristes, des gnostiques, des manichéens, et est parvenue jusqu'à nos jours à travers les emblèmes alchimiques baroques, les figures décadentes d'isis-Sophia dans les cercles occultistes fin-de-siècle, voire les princesses idéales de royaumes imaginaires dans toutes sortes de fictions.
La morale exposée elle-même se recommande bien entendu du respect des préceptes de Iahvé. Les appels à la franchise, la transparence, la charité annoncent l'enseignement du Christ.
Un livre de pédagogie morale, rédigé avec pittoresque.