Au croisement de l'espionnage et de la littérature fantastique
Tim Powers est un des rares auteurs de SF contemporain à savoir allier science-fiction et fantastique en un cocktail intrigant et prenant, comme il l'a magnifiquement illustré dans "Les voies d'Anubis".
Avec "Les puissances des ténèbres", le registre est un peu différent, puisqu'il s'agit non pas d'un roman de science-fiction, mais plutôt d'un livre d'espionnage, inspiré de personnages réels et de sources très bien documentées, avec comme principale originalité que des éléments de fantastique recèlent la clé de l'intrigue.
Des années 1940 à 1960, on retrouve ainsi plusieurs personnages troubles dont le jeune espion anglais Andrew Hale et sa concurrente -à l'occasion amante- l'Espagnole Elena Ceniza-Bendiga. Du Paris de l'Occupation, à la Turquie et au Koweit, ils sont confrontés à des forces suprahumaines dont une fraction capturée par les Russes à la fin du 19ème siècle a permis à l'URSS de devenir une puissance politico-militaire majeure.
L'intrigue est relativement complexe avec de nombreux flash-backs, mais la construction s'avère très habile et le lecteur se laisse facilement prendre au filet du narrateur, d'autant que les personnages deviennent vite attachants.
C'est d'ailleurs sans doute là une des forces de l'écriture de Tim Powers, d'être capable de bâtir de vrais personnages à la personnalité riche et en même temps de savoir mener des intrigues tambour battant aux multiples rebondissements. Dans le cas des "Puissances des ténèbres", ce n'est pas une mince affaire, puisque le roman compte plus de 670 pages.