Quatrains de Omar Khayyam, petits poèmes persans...
Petit recueil de poésies persanes que je possède depuis de nombreuses années et que je feuillète à l’occasion pour sa beauté apaisante… J’ai découvert ce poète par l’intermédiaire d’Amin Maalouf, lors de la lecture de son roman Samarcande que je vous conseille de lire soit dit en passant.
Omar Khayyam, né vers 1050, est un savant réputé de la Perse, un mathématicien et astronome, mais aussi un grand poète, qui n’hésita pas à écrire de façon détournée afin de s’insurger contre le fanatisme religieux, les abus de pouvoir, la misère de la vie et les dogmes asservissant la vie sous prétexte de vérité établie… Pour l’anecdote, il a connu Hassan Sebbah, créateur de la secte des Hachichim, rendu célèbre pour ses assassinats, le terme ”assassin” viendrait de son nom. Le livre Samarcande nous raconte justement l'histoire de Omar Khayyam et aussi de Hassan Sebbah.
Quatrains est un recueil de 158 courts poèmes d’Omar Khayyam. Les quatrains sont constitués de 4 vers dont 3 qui rime et 1 assonant. Les petites tranches poétiques de Khayyam sont souvent drôles, joyeuses, cyniques ou pessimistes et empreintes d’une sagesse délicate et rafraichissante sur l’histoire de l’homme, celle d’une vie vouée à la mort et dont le déroulement cherche un but, l’intérêt d’une existence menant à tout, excepté l’oublie de la poussière voltigeant au gré du vent des saisons… Il agrémente ses Quatrains de la métaphore du vin et de l’argile, de la jarre et des tulipes afin d’y illustrer ses pensées et sa réflexion sur l’homme, en parlant de religion et Dieu souvent de façon subversive, de pouvoir et richesse, d’amour et de beauté, de précepte de vie et du temps…
Ils nous supplient, à travers lui, de vivre non pas pour obtenir un quelconque gain ou déceler une quelconque vérité, mais pour savourer les plaisirs éphémères d’une vie, de tous ses instants fugaces et simples qui y parsèment son devenir et d’y jouir comme si c’était le dernier jour… C'est là, l'une de mes interprétations.
Mais trêves d’analyse, pour la poésie le mieux est d’en déguster quelques unes afin d’y déceler ses propres ressentis :
- 27
Je tombais de sommeil et la sagesse me dit :
”Jamais, dans le sommeil, la rose du bonheur n’a fleuri pour personne.
Pourquoi t’abandonner à ce frère de la mort ?
Bois du vin !… tu as des siècles pour dormir.”
- 40
J’ignore si Celui qui façonna mon être
M’a préparé une demeure dans le Ciel ou dans l’horrible Enfer ;
Mais un peu de nourriture, une adorée et du vin sur le vert talus d’une plaine,
Cela, c’est de l’argent… garde pour toi le Ciel auquel tu fais crédit.
- 66
Je suis un homme, seul, sur la terrasse de sa maison,
Qui foulait sous ses pieds, avec mépris, de l’argile ;
Et cette argile, dans son mystique langage, lui dit :
”Calme-toi, un jour, on te foulera comme tu me foules.”