Un des premiers roman écologique et anticolonialiste !

Relire ce roman, Les racines du ciel, de Romain Gary, son "premier" Goncourt obtenu sous son patronyme usuel est un vrai régal, car c'est un roman dont les thèmes n'ont pas pris une ride.


A la fois manifeste écologique pour la protection de la biodiversité (la faune sauvage symbolisée par les majestueux éléphants), c'est aussi un regard lucide sur la décolonisation et le rôle des médias dans ces luttes. Ces médias même, objet à la fois d'une utilisation comme caisse de résonance pour le héros Morel et sa lutte contre la massacre des éléphants, mais aussi par Waïtari dans sa lutte pour l'indépendance comme instrumentalisation et construction d'une image iconique indispensable à son combat. Les journalistes sont eux-même déchirés entre leur recherche du scoop et la perception plus ou moins consciente de leur poids dans l'opinion publique et par contre-coup de la starification de leur propre personne ! Oui, tous les travers de nos sociétés modernes se trouvent bien dans ce roman écrit en 1956 et "goncourisé" la même année.


Un autre thème développé concerne la réflexion sur la place de l'homme dans la Nature. Illustrée par le combat de Morel, les questions suivantes sont abordées : est-il naturel ou non de chasser l'éléphant quand il s'agit pour les populations locales de se nourrir ? Prendre fait et cause pour les éléphants, n'est ce pas aussi se soucier de l'humanité et de son avenir ? Ce que politiciens colonialistes (sûr de leur oeuvre civilisatrice) et ecclésiastiques chrétiens (sûr de leur bienfaisance missionnaire) se gardent bien d'approuver, mettant en avant la nécessaire lutte contre les maladies, la pauvreté, la misère humaine...


Ce que 70 ans plus tard, alors que les processus de décolonisation ont abouti, aucun gouvernement africain n'est en mesure d'assurer, pas plus que la protection de la faune sauvage toujours menacée, notamment par des pratiques occidentales et orientales modernes (capitalistes) qui n'ont rien à envier aux pratiques coloniales...


Replongez vous avec sérieux et esprit combatif dans ce roman si visionnaire...

Jean-François2
8
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le 5 déc. 2018

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Jean-François2

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