Une plongée hallucinée dans les méandres de l’esprit humain

Une plongée hallucinée dans les méandres de l’esprit humain, comme si un microscope très pointu pénétrait le cerveau de Darth Vador à la recherche du côté obscur de la Force. Sauf que ici Darth Vador est un rigolo [en plus d’être grotesque avec son asthme]. Car le Mal ici est vivant, bouillant, y-en-a une pleine marmitte qui pique les yeux et ça pue l’ammoniaque.

Tout commence avec les délires paranoïaques d’un sérial killer. Andreas Shaltmann est persuadé que les aliens sont parmi nous, qu’ils manipulent tout, la télé, Bouygues, les flics, et ses voisins. Alors ils les tuent. Souvent ils les découpent, parfois ils les mangent.

Ecrit à la première personne, le récit nous donne à voir le monde déformé par les orbites d’un malade mental, Schaltzmann, à qui on doit reconnaître une certaine lucidité puisqu’il a -notamment- compris que Bouygues était aux mains des aliens-nazis de la planète Véga. Son monde terrifiant ressemble néanmoins furieusement au nôtre ! Sauf qu’il mène au meurtre et a bien pire. Bien beaucoup pire même.

Puis, il y a une autre histoire : un scientifique mettant au point la neuromatrice, sorte d’intelligence artificielle de constitution schizophrénique. Et un club privé de pervers assassins. L’affrontement du Bien et du Mal à travers une Europe déboussolée, sur des réseaux informatiques pas très net. Et le lien se fait avec notre serial-killer bouffeur d’aliens...

Rude, cru, explosif. Le style est habile, détourné puis soudain très direct, sachant ne pas trop en dire pour rester réaliste, avec ce ton de polar désabusé et des volées de coups inattendues. Violent et froid, avec règlement de comptes et rendez-vous glauques. Mais l’idée de l’entité schizophrénique artificielle créée par Darquanqier pour débusquer les criminels fonctionne très bien, et on ne lâche pas le livre avant la fin.

Certains y ont vu un amoncellement de clichés morbides. Nous sommes d’avis qu’ils n’ont pas compris le livre : c’est du sang neuf, et le sang, ça tâche, c’est sûr.
thierryhornet
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le 1 mai 2013

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