Ou, en d'autres termes "Mon Dieu ce que c'est barbant".
Il y a cette phrase, dans un des premiers poèmes, qui dit (en ancien français s'il vous plaît, moi je l'ai pas lu en version modernisée non mais oh) :
"Je me contenteray de simplement escrire
Ce que la passion seulement me fait dire
Sans rechercher ailleurs plus graves arguments"
Et puis un tout petit peu plus tard :
"Moy qui suis malheureux, je plaindray mon malheur"
Bon bah comme ça au moins c'est clair. Tu vas raconter ta vie, et en plus sangloter. Bon. Bah c'est cool.
La couleur est annoncée : Du Bellay, pendant toute l'oeuvre, gémit. Il me semble néanmoins qu'on peut diviser l'oeuvre par thèmes, et plus ou moins dans l'ordre chronologique : on a tout d'abord une partie élégiaque, plaintive, autotélique ; puis une partie plus virulente, critique ; puis une partie à tendance mythique sur Rome, les femmes, la patrie, ce genre de choses. Dans l'ensemble, on retiendra : la poésie comme exutoire indispensable à l'auteur, le regret de la simplicité avec le contraste entre les artifices de la cour et le repos de sa maison (voir l'immensément célèbre "Heureux qui comme Ulysse"), l'importance des mythes antiques comme dans toute poésie qui se respecte, et les éloges, particulièrement ceux adressés à Ronsard, avec de très fréquentes apostrophes etc. Bah oui, c'est pas pour rien qu'ils étaient dans la Pléiade ces deux-là. Copains comme cochons.
Tout ça c'est beau, et puis ça fait classe c'est en ancien français, et puis ça fait sérieux c'est emphatique, mal-être, je suis un pauvre hère solitaire etc. Mais c'est surtout répétitif, longuet, usant, bref, on s'ennuie à mourir et on n'a qu'une seule hâte : qu'il se taise. Alors oui, ça ne s'appelle pas Les Regrets pour rien, on pouvait difficilement attendre quelque chose de bisounoursesque, mais un peu de variété dans ce monde de brutes, tant niveau contenu que forme par ailleurs, laquelle est toujours la même, ça ne fait de mal à personne.
Je ne mets pas moins de 5 parce que ça reste de la grande poésie ; mais il m'en faut un peu plus et là, non, vraiment, je me suis abondamment ennuyée.