La première moitié du roman m'a fait déprimer, pour des raisons que j'ignore en partie. Le héros pas dégourdi qui se heurte aux institutions, son frère innocent écrasé par une justice aveugle, la mère foldingue, ça faisait beaucoup à ce moment-là.
Difficile donc d'attribuer une excellente note aux "Rescapés du Télémaque", même si je n'ai pas lâché le bouquin durant toute la seconde partie.
Il s'agit d'un véritable polar de type whodunit (cas de figure assez rare finalement chez Simenon, hors Maigret j'entends) mais l'intrigue policière n'est pas particulièrement bien ficelée - ça n'a jamais été le point fort du liégeois.
Non, ce qui fait la force de ce roman, c'est la description du microcosme des pêcheurs de hareng normands dans les années 30, notamment lors de leurs retours à terre, dans le port de Fécamp.
Et puis ce héros, complètement simenonien : un tiers pathétique, un tiers attachant, un tiers bête à manger du foin. L'arrestation de son frère jumeau le pousse à réfléchir différemment, à sortir de sa condition, avant de renoncer finalement en constatant sa vraie nature et son impuissance congénitale à la transcender.
Et cela, Simenon le décrit à la perfection.