Un tombeau perdu dans les méandres désertiques d'un pays reculé, théâtre d'une culture millénaire quasiment oubliée ou dorment des dieux silencieux et maléfiques qui font des hommes qui y vivent des pantins dociles au service de l'ombre, tel est le lieu qu'il nous est donné de visiter dans un huit clos presque claustrophobique.
Fini les errances de Ged se querellant au quatre coin de Terremer avec l'ombre place à ce huit clos ou l'ombre n'est plus immatérielle et dispersée mais bel et bien la substance même d'Atuan, elle suinte par tout ces ports, assombrit les esprits à son service dans le but de garder ses plus noirs secrets à l'abris des impudents qui oseraient profaner leur demeure.
Si ce second tome n'est pas aussi grandiose que le premier il témoigne cependant d'une grande maitrise stylistique et surtout propose un personnage principal extrêmement attachant et touchant en la personne de Tenar, jeune prêtresse arrachée à sa famille pour servir les noirs dessins de dieux oubliés. Son évolution est remarquable et passe par plusieurs stades la détachant lentement, progressivement de l'emprise des dieux d'Atuan d'abord imperceptible, puis qui se dévoile au fur et à mesure que la jeune fille prend conscience du mal qui hante les lieux.
On retrouve également Ged alias Epervier dans un rôle qui lui va mieux à mon sens. Si l'on a saisi toute l'ampleur du personnage dans le premier tome, il apparait ici comme un guide, celui qui sort Tenar de l'ombre et l'amène vers la lumière et surtout vers la liberté la libérant du dogme de la religion et du rôle que l'on avait choisit pour elle. Ce qui le rend d'autant plus imposant et impressionnant car il apparait comme un personnage mystérieux et imperceptible rendant grâce à son aura de mage qui était presque démystifiée dans le premier tome.
Ce second tome du cycle de Terremer est donc pour moi une réussite totale et je le placerai au dessus du premier car il témoigne d'une maitrise remarquable de l'auteure en plus de proposer des personnages excellents, j'ai hâte de voir ce que réserve la fin du cycle qui est si je ne me trompe pas le tome adapté par Goro Miyasaki en film d'animation.