Ce livre de 300 page est basé sur l'assertion suivante : l'Histoire ne progresse pas de manière continue, graduelle, mais procède par bonds conduits par des Hommes et des Femmes d'exception.
C'est donc intéressé et enthousiaste que j'entame la lecture du volume.
Le style, d'abord est particulièrement fluide et agréable. La traduction historique d'Alzir Hella est remarquable et ce livre se dévore sans peine. Les histoires s'enchaînent et on prend plaisir à découvrir les morceaux choisis par l'auteur.
Le fond est intéressant. On constate vite que Zweig choisit des événements qui l'ont lui-même particulièrement marqué, sans qu'il soient tous, d'un point de vue purement objectif, des grands vecteurs de progrès ou des catalyseurs de l'histoire. Ainsi, si la découverte de l'océan Pacifique et de l'Eldorado sont tout à fait passionnantes, la résurrection de Haendel est plus anecdotique, mon admiration bien sûr pour le compositeur mise à part. Le récit est ainsi assez inégal et le format ne laisse que peu de place pour disserter en profondeur des différents événements relatés, alors s'installe un vague sentiment de rester sur sa faim.
D'autre part, il faut bien comprendre que l'auteur souhaite sensibiliser son public sur des événements pas ou peu relatés dans les livres d'Histoire, qui sont ainsi des heures riches bien sûr, mais qui ne sont pas proprement dit des sauts de géant.
Du reste, le discours de Zweig est beau, puissamment humaniste et éclairé. On sent au fil des pages l’éclectisme bienveillant de l'auteur et sa profonde volonté de redorer le blasons d'humains formidables, trop souvent oubliés par l'Histoire au profit de quelconques généraux ou pourvoyeurs de morbi/mortalité.
C'est un éloge de l'ambition éclairée, de la persévérance, de la volonté d'apprendre et de transmettre. C'est un livre pour ne pas oublier le génie créateur propre à notre espèce, c'est un regard ému sur le monde et l'Histoire.