(Re)lire Les Trois Mousquetaires, c'est s'embarquer dans un univers d'hommes aux moustaches viriles, où la brise d'un éternuement dérangeant le pli d'une cape peut suffire à déclencher un duel au Jardin du Luxembourg, où l'on joue aux dés la fortune des autres par ennui, où les pistoles manquent constamment, où pourtant la table est toujours garnie de victuailles et vieux bourgognes qui font saliver, où les femmes sont des objets constants de passion et poursuites, où l'aventure est continuelle, effrénée, passant d'une intrigue à l'autre pour le plus grand plaisir du lecteur...
Quels bougres ces mousquetaires ! Et surtout ce jeune Don Quichotte de Meung, le fameux D'Artagnan, qu'aucune adaptation cinématographique ne pourra correctement dépeindre. Aussi impétueux et irréfléchi que raisonnable et intriguant, aussi emporté que capable de jugement pesé, prompt à s'élever pour mieux tout risquer en se plongeant encore une fois au cœur de la mêlée. Certes, ces compagnons ne sont pas en reste, Athos particulièrement, leurs échanges à rallonge sont délectables à lire. Leurs forts caractères transpirent des pages, on les entend plus qu'on ne les lit ces personnages immortels.
Dumas n'est pas la plume la plus exceptionnelle de la littérature française, ce n'en est pas moins délectable à lire et pour un auteur payé à la page, il a eu au moins le mérite de toujours privilégier l'action et les discussions aux descriptions à rallonge et états d'âmes larmoyants. "Pas de temps mort", ça semble avoir été sa règle. Les portraits sont aussi saisissants que rapidement dressés, le mouvement est constant, les palabres ne sont jamais oiseuses, les retournements de situations, certes parfois spécieux, sont légions... Bref, de l'aventure, de la vraie !