Les Trois Mousquetaires par ngc111
Alexandre Dumas était un conteur formidable, et ce roman "Les Trois Mousquetaires" en sera un preuve supplémentaire pour tous ceux qui se lanceront dans sa lecture. De la rencontre des héros, de leur présentation, du mélange historique et fictionnel, de l'intrigue simple mais dynamique, des nombreux secrets qui émaillent le récit avant de se voir expliqués, du ton tantôt comique, tantôt solennel voir sentencieux, de l'esprit de camaraderie et de l'honneur ; tous les éléments sont réunis pour faire de ce livre une belle aventure, de celles que l'on dévore sans jamais s'ennuyer, sans jamais perdre le fil, et que l'on referme avec le sentiment d'avoir vécu quelque chose de fort, de durable.
Les ficelles utilisées par l'auteur sont toutes simples mais géniales, comme la plupart des bonnes idées, et l'on se prend au jeu des personnages à l'identité volontairement entourée de mystère le temps d'une scène (le Duc de Buckingham, Constance de Bonacieux, le bourreau de la fin...). L'écriture de Dumas (et de son collègue dont j'ai oublié le nom malgré le éclaircissements de la préface) est limpide, évidée de tout superflu, et l'on s'étonne même de ne pas y trouver plus de descriptif, plus de travail stylistique, mais cela contribue grandement à donner un rythme, une allure à la narration, alors même que les évènements ne se bousculent pas toujours et donnent parfois l'impression de ne pas être fondamentaux (l'épisode de la recherche du financement des équipements).
Car loin de l'image que peut renvoyer l’œuvre aujourd'hui, celle d'une épopée de cape et d'épée où les combats font rage entre mousquetaires du roi et hommes du cardinal, Les Trois Mousquetaires est un récit finalement peu épique mais plus intéressant que cette fameuse image que l'on trouvera exploitée au cinéma ou dans les dessins animés. Beaucoup d'éléments sont ainsi révélés au lecteur qui s'était construit une image bridée et faussée, comme le passé d'Athos, le fait que d'Artagnan ne soit que tardivement promu mousquetaire (et ne soit pas le chef) ou encore le personnage de Milady lui-même, que l'on imaginait pas forcément d'une grande beauté et d'une telle ampleur. Celle-ci n'apparaît en effet pas comme un simple pion du cardinal de Richelieu mais comme une dame d'abord mystérieuse à laquelle les révélations de son passé et de son caractère ne cesseront de conférer une aura grandissante, parfois réellement maléfique mais parfois aussi étonnamment attachante (si si en cherchant bien !).
Au-delà de toutes ces considérations du rapport entre l'image que s'était formé le lecteur de ce qu'était grossièrement "Les Trois Mousquetaires" et ce qu'est réellement l’œuvre de Dumas, il convient de dire un mot de la qualité de ce livre, de la maîtrise du rythme, de la narration, des codes de l'aventure que propose son auteur. Certains passages voir chapitres touchent au sublime comme cet épilogue parfait qui fera naître un torrent d'images à l'esthétique et à la dramaturgie sublimes. Nul doute que l'on refermera le livre à chaque fois avec le même regret que d'Artagnan à quitter ses compagnons de fortune et d'infortune.
Mais comme le dit Athos, l’amertume du souvenir se changera bien vite en douceur.
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