Une fois encore, un prix littéraire me pose un problème de conscience. Dois-je abonder dans le sens de la majorité et m’extasier sur ce livre ou camper sur une position instable risquant de me faire passer pour un navrant philistin.
Ouvrage tout entier dédié à la littérature et l’amour des livres, j’ai décidé qu’on pouvait aimer la littérature et ses livres mais n’apprécier que moyennement celui-ci.
C’est que l’auteur nous plonge dans le huis-clos un peu étouffant d’une vieille dame érudite n’ayant comme fenêtres sur la vie que des livres rares et des citations d’auteurs – qui nous sont servies ad nauseam.
Tout le monde s’accorde à la trouver attachante. Pas moi. Difficile d’éprouver un peu de sympathie envers quelqu’un à ce point repliée sur elle-même, qui ne quitte ni son quartier ni sa kalachnikov et pour qui ses voisines ne représentent qu’une entrave à son égoïste liberté.
Malgré une écriture fluide et de grande qualité, au vocabulaire riche sans être prétentieux, mais avec un étalage de culture un peu trop ostentatoire, la lecture s’avère difficile. Récit sans structure, absence de chapitre, digressions constantes, alternance sans transition, ni mise en garde, du passé et du présent. Sans doute est-ce là le propre d’un esprit vieillissant mais cette vieille dame fatiguée est peu à peu devenue, pour moi, fatigante.