S'il vous plaît, ne passez pas à côté de ce livre.
"Les Villes invisibles" est pour moi un chef-d'oeuvre, un petit bijou intemporel de la littérature qui fera date dans mon parcours de lecteur.
Ce livre, c'est la description d'une multitude de villes qu'imagine Marco Polo pour l'empereur Kublai Khan.
Le format du roman est tout à fait original : chaque ville est présentée par un court récit (d'environ 2-3 pages), et toutes sont regroupées en plusieurs catégories ("Les villes élancées", "Les villes et les morts", "Les villes et la mémoire"...). À cela s'ajoute en début et fin de chaque partie les dialogues rapportés de Marco Polo et Kublai Khan qui ajoutent de nouvelles réflexions sur ces lieux et leurs concepts.
Ce qu'Italo Calvino développe, à travers ces courtes incursions dans des villes aussi étranges qu'originales, c'est leur développement au cours du dernier siècle. L'auteur place des points de réflexions et critiques grâce à ces récits fantastiques à l'allure de contes.
Chaque ville a droit à son organisation, son genre, sa morale, ses habitants. La prolifération des textes permet une exploration de tous les registres : comique, satirique, dramatique, fantastique, utopique, dystopique, onirique,... Les villes abordent de nombreuses formes et de nombreux visages.
L'écriture d'Italo Calvino parfume tout cela de longues phrases aux longues descriptions poétiques, qui permettent un voyage immersif dans chacune des cités. C'est tout à fait le genre de livre qui se picore, de par son format et sa richesse, le genre de livre qui reste dans une bibliothèque toute sa vie afin de pouvoir y revenir à n'importe quel moment.
Je suis tombé amoureux. Je ne peux pas le dire autrement car les mots ont cette fois touchés mon cœur sans que l'esprit puisse y faire quelque chose. "Les Villes invisibles", c'est celles que l'on touche mais que l'on ne voit pas ; c'est celles qui dorment tapis dans l'ombre de celles qui vivent.
S'il vous plaît, ne passez pas à côté de ce livre.
PS : Le contexte de lecture a aussi été un peu particulier car il a duré des mois, pages après pages, blotti le soir dans un cocon d'amour, lu en alternance avec la partenaire de mon cœur. Inutile de vous dire que c'était la meilleure chose au monde.