Pourquoi n'ai-je pas lu la bibliographie complète de Tim Powers ? C'est la question que je me suis posée à la fin de ma relecture des voies d'Anubis.
L'auteur nous mitonne une histoire de voyage dans le temps aux petits oignons, tarabiscotée à point. Des personnages brossés au couteau, de l'aventure picaresque, des rebondissements, des références culturelles, le livre est un garde-manger bien rempli qui ravit les papilles des gourmets. On reste à table et on dévore.
Derrière les pétarades et les moulinets, j'y ai distingué lors de ma relecture un point commun avec un autre ouvrage du même auteur, Sur des mers plus ignorées. Une angoisse rampe en filigrane sur la vieillesse et la grande faucheuse. Comment échapper aux ravages du temps ? Les personnages fuient sans cesse, qu'ils soient acteurs principaux ou seconds couteaux. Sous prétexte de changer le monde ou de vie, ils cherchent à échapper à l'inéluctable. Ils transmigrent leurs âmes grâce à la magie et laissent tomber un corps généralement blessé, sénile pour passer à de la chair plus forte, plus jeune.
Et Tim Powers met le sujet qui fâche sur la table : mais que fait la science ? A quand un vrai plan d'actions pour la métempsychose ? Combien de temps encore laissera-t-on la mort nous terroriser ?