De Martin Luther King, on connaît surtout en France son discours I Have a Dream. Mais sa Lettre de la prison de Birmingham est considérée elle aussi comme un texte majeur aux États-Unis. Écrite en 1963, depuis sa cellule en Alabama, il s’agit d’une réponse à une lettre ouverte de pasteurs blancs qui lui reprochaient les actions en faveur de l’égalité des Noirs qui avaient causé son incarcération.

C’est en fait une sorte de discours de la méthode de la lutte non-violente pour les droits civiques, où l’auteur démontre avec clarté la légitimité et l’urgence de son combat, et démontre l’inanité de tous ceux qui, au nom de la prudence, de la morale, etc., défendent un statu quo qu’ils savent injuste. Il porte ce débat sur le plan intellectuel car, comme le montre l’exemple de Socrate, atteindre à la sagesse et à la vraie connaissance nécessite une contradiction virulente des préjugés antérieurs. Ce débat a bien sûr aussi une dimension politique : les Founding Fathers étaient des révolutionnaires.

Mais ce qui frappe surtout, c’est combien est prégnante la dimension religieuse de ce combat pour l’égalité : ce refus du statu quo trouve bien sûr des modèles en Jésus, qui défie les autorités hébraïques et romaines, et en Luther (comment un « protestant » pourrait-il s’opposer à de légitimes « protestations » ?) ; on ne peut donc être chrétien et conservateur. Mais l’action non-violente elle-même est, de façon inhérente, associée à une démarche spirituelle, et ne peut être entamée qu’après un travail de « self-purification ». Et l’on saisit mieux en effet le travail sur soi que nécessite l’acceptation par ces militants de subir d’épouvantables violences sans y répondre, presque instinctivement, par la violence.

C’est donc à la fois une démonstration rigoureuse et un appel pressant à l’action, à la justice et à la fraternité.

Le sermon qui suit cette lettre dans mon édition, « The Three Dimensions of a Complete Life », développe un propos bien plus convenu, destiné à sa congrégation, mais qui montre comment King sait s’adapter à son auditoire, en développant une éloquence simple, avec des exemples parlants, et non dénuée d’humour.

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le 8 déc. 2023

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