Oswald. Lee. Hidell.
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le 5 oct. 2019
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Avant que James Ellroy y consacre un roman colossal (American Tabloïd), l'assassinat du président John Fitzgerald Kennedy permit à un autre grand auteur américain de livrer son opus magnum. Don DeLillo en l'occurrence, que j'ai découvert avec le difficile L'Homme qui tombe. Admiratif, Ellroy focalisera son attention sur les rouages de la machine au lieu de répéter la déconstruction proposée par DeLillo.
L'anti-héros de Libra, c'est Lee Harvey Oswald. Oui, l'homme accusé du meurtre de JFK. Le désaxé décrit comme un communiste fanatique en manque de reconnaissance. Le criminel abattu par Jack Ruby (figure de la pègre) avant d'avoir pu parler. Un mythe, dont le destin continue de faire l'objet de débats enragés entre les historiens, journalistes et passionnés.
L'idée fixe de Don DeLillo, c'est de passer outre l'image translucide que les médias ou bouquins d'histoire ont forgé à travers les décennies pour recentrer sur l'homme, puis de progressivement disséminer tous les éléments qui vont contribuer à créer la légende, jusqu'à ce que les deux se confondent, rendant son grand final hautement ambigu (quel sens lui attribuer ?).
En parallèle des pérégrinations d'Oswald (chez sa mère, en Russie, en ménage, de retour au pays), une autre partie concerne les agissements de figures des services de renseignements mettant sur pied une histoire. Parce que les mythes, comme l'avenir, ce sont avant tout des histoires qu'il faut inventer de A à Z.
Don DeLillo m'a tout simplement soufflé par son écriture onctueuse et profondément emphatique envers L.H.O, qui n'aura de cesse de changer d'appellation selon ses interlocuteurs (Oswald, Lee, Ordell, Léon,...). Son enfance, ses rapports compliqués avec sa mère, sa dyslexie, son envie d'être nécessaire, sa personnalité singulière. Tout y passe et il ne faut pas longtemps pour que le lecteur s'identifie à lui. Cet homme parmi les autres, ce type en constante recherche d'un idéal, ce soldat obéissant en divergence politique avec ses supérieurs. Cet outsider qu'on a tôt fait de ranger dans une case.
Libra, dans son épilogue, cartographie l'évènement fondateur d'une page de l'Amérique (le 22 novembre 1963) tout en explosant la version officielle pour en proposer une autre (personnelle), plus sinueuse et complexe. Qu'on soit partisan d'une thèse plutôt qu'une autre, le roman a le mérite de donner beaucoup d'éléments pour aborder l'homme et le jour J avec recul.
Pour terminer, je ne saurai trop vous conseiller de tenter la doublette Libra/American Taboïd tant les deux œuvres paraissent totalement complémentaires. Essentiel.
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Créée
le 19 janv. 2020
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