Formidable livre que toutes personnes devant s'occuper d'un enfant devrait lire. Alexander S. Neil offre une vision intéressante de l'éducation avec l'idée de ne rien apprendre aux enfants mais plutôt les laisser découvrir par eux-mêmes. Selon sa devise de "vivre et laisser vivre", il prône la liberté de l'enfant. Effectivement, dans son école, un enfant n'est pas obligé d'aller en cours : de toute façon s'il n'a pas envie d'apprendre, il n'apprendra pas ! Pour cela, Neil devait avoir une formidable confiance en l'être humain. Selon lui et selon son expérience, tout enfant motivé sera capable d'apprendre n'importe quoi et ainsi rattraper ce fameux retard par rapport aux autres enfants qui seraient aller dans une école traditionnelle. Mais en plus de cela, comme cet enfant aura vécu une enfance heureuse et qu'il aura épuisé d'autres sources de préoccupations, il sera beaucoup plus disponible, adulte et heureux.
Sa philosophie et surtout sa manière de traiter les enfants se approche beaucoup de celle de Dolto qui respecte l'enfant et le place d'égale à égale avec l'adulte. De même, il fait référence à Montessori sur la responsabilisation des enfants : souvent l'enfant est capable d'assurer des tâches que biens des adultes lui refusent.
Son école s'adresse aux enfants dont les parents croient en ces méthodes d'éducation mais pas seulement. Il a accueilli beaucoup d'enfants en difficulté, dont les parents ne savaient plus quoi en faire. Sa vision des choses est là-encore une source d'inspiration. "Un enfant difficile est un enfant qui est malheureux. Il est en guerre contre lui-même et par contrecoup avec le monde entier". L'obliger à apprendre où à suivre des règles inutiles ne servirait à rien. L'enfant doit se débarrasser de son mal-être, et pour cela, une société d'enfants semble fonctionner.
L'auteur parle aussi des personnes anti-vie, élevés dans la frustration et la haine, qui perpétuent ce système sur leurs propres enfants. Et donc à nous de le changer. Mais il ne s'agit pas non plus de tout laisser faire ni de tout interdire. Il y a aussi des règles à respecter en société et donc à l'école de Summerhill.
Ce n'est donc pas seulement un livre sur l'éducation : c'est aussi un livre de philosophie, de manière de vivre, d'être... Il est aussi question de méditation pour que l'enfant puisse être plus à l'écoute de ses sentiments. Et bien sur, le thème politique pointe le bout de son nez. Alexander S. Neil évoque l'idée d'une politique fondée sur l'amour de l'homme et non la haine des autres comme nous le voyons actuellement.
Malgré tout, je reste sceptique avec son analyse de la sexualité. Probablement un héritage de Freud, mais selon l'auteur, tout est lié au sexe et à la masturbation. Si un enfant joue trop avec son stylo, alors le stylo représente le phalus et il faut lui lever l'interdiction de se masturber pour qu'il arrête avec le stylo. J'ai beaucoup de mal à adhérer au fait que le sexe dirigerait notre vie mais après tout, je ne suis pas psychanalyste !
Et pour finir, ce livre me fait penser qu'il faudrait vraiment une école pour les parents, un système qui dirait "avant d'être parents, prenait quelques mois de formation pour apprendre à devenir parents, et pas forcement reproduire ce que vos parents faisaient". N'oublions pas cette belle citation de Neil : "L'enfant difficile n'existe pas ; ce qui existe, ce sont des parents difficiles.".