Roman de tous les paradoxes, de toutes les passions, de tous les interdits.
Comment avoir réussi à fusionner aussi intimement le crime le plus abject à une écriture aussi solaire ?
"Lolita", roman du malaise, de l'insondable, de la chute sans fin dans un néant sans rédemption.
"Lolita", récit d'une chasse. Une proie. Un prédateur. Deux victimes. Deux bourreaux. Une fillette. Un pédophile.
Où commence l'amour ? Où finit l'humanité ?
Humbert Humbert usera d'abord de tout son esprit pour convaincre son lecteur de la légitimité naturelle de sa passion pour sa nymphette avant de rendre les armes et de reconnaître qu'au nom d'aucun amour - aussi puissant soit-il - on ne peut voler la vie de quelqu'un en assouvissant sa passion. En dérobant l'enfance de Lolita (même si ce n'est pas lui qui aura pris son innocence), il a brisé sa vie alors même qu'il voulait la lui révéler dans une beauté utopique. Adoration se fait folie. Passion, perversion.
Le roman est partagé par l'auteur en deux parties : la chasse et la fuite.
Dans un road trip ahurissant et étourdissant, Nabokov nous entraîne dans l'intimité morbide de ce couple dépareillé à travers les vastes Etats-Unis.
Quête du bonheur pour l'un ; quête de la liberté pour l'autre.
Un roman hautement dérangeant ; une écriture brillante.
Une lecture qui révulse et fascine tout à la fois et qui laisse des séquelles.
Pas une seconde je n'ai ressenti de compassion pour Humbert Humbert ; à chaque seconde j'ai viscéralement voulu "sauver" Lolita.
A chaque page je me suis émerveillée de la maîtrise narrative et de la poésie d'un style qui oscille dangereusement, comme un équilibriste ivre, entre pédantisme et génie.