Dolly à l'école, Dolorès sur les pointillés, Lolita dans mes bras
Contrairement à ce qu'à pu dire une autre personne dans sa critique, je ne pense pas que de nos jours il n'y ait plus de romans sulfureux. Au contraire, plus ce sera cru, vulgaire et indigeste, plus on cherchera à nous le vendre. La seule différence reste dans la manière de traiter le sujet et la prose de l'auteur.
Et c'est bien là le génie de Nabokov !
Dans son "A Propos", il explique lui-même avoir travaillé encore et encore sur ce roman, l'avoir quasiment détruit, le délaissant puis y retournant toujours fatalement.
Ce n'était en effet pas évident de faire en sorte que le lecteur ait envie de suivre l'histoire d'un pédophile selon son propre point de vue. L'auteur a pourtant réussi ce délicat challenge par une plume raffinée, parfois poétique, parfois violente, souvent connotée, régulièrement drôle, incontestablement érudite et intellectuelle (mais rappelons que H. H. est professeur de littérature !).
Dans ma lecture, je n'ai cessé d'osciller entre curiosité (malsaine, bien sûr !), répulsion et "attendrissement". Je ne suis pas d'avis que l'on s'attache à Humbert, on souhaite seulement découvrir ce qu'il va advenir de la gamine.
Le pire et le miracle de ce roman, c'est que l'on n'arrive jamais à réellement détester le narrateur ; il nous conte avec tellement de précisions, de sensualité et d'amour ces élans envers la candide Dolorès que l'abject se métamorphose en ode à la jeunesse.
Une oeuvre dérangeante mais qui mérite vraiment d'être lue.
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