" Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. "
Tels étaient les premiers mots de Lolita de Nabokov qui m’ont poussée à aller lire ce livre. Et je n’ai pas regretté, j’en suis tombée tout de suite amoureuse. Lolita, c’est 500 pages pour décrire l’amour brûlant qu’éprouve Humbert Humbert, séduisant quadragénaire français expatrié en Amérique, pour la fille de sa logeuse : Lolita… 12 ans. C’est 500 pages pour suivre la souffrance psychologique d’un homme taciturne et son cheminement pour réussir à obtenir cette jolie petite fille.
Rien que ce résumé devrait faire pousser des cris d’horreur à toute personne un minimum saine d’esprit (c'est-à-dire pas moi). Je crois que la beauté des mots et ce style m’ont transportée jusqu’à me faire oublier que j’aurais du finir le livre en ressentant un malaise affreux. Mais ça n’a pas été le cas. Faut-il être alors un peu tordu pour apprécier cette œuvre ? Amateur de beauté, de sentiments vrais et poignants, curieux de connaître la complexité d’un homme, oui peut-être. Que dire ? Ce roman m’a émue, il m’a fait rire, il m’a fascinée jusqu’à me faire lire plusieurs fois certains passages tellement je trouvais que les mots étaient justes, beaux. Et je m’aventure à qualifier ces presque 500 pages de chef-d’œuvre, aussi sulfureux soit-il. J’irai même plus loin encore en disant que notre cher Humbert Humbert est un personnage attendrissant. Je me suis surprise à m’émerveiller devant l’évolution de notre timide, gauche et délicat gentleman dont le discours (enfin, le plaidoyer puisqu’il faut le préciser) prend de plus en plus de force au fil du récit, et que l’on observe d’un œil alerte, curieux, presque vicieux je l’avoue.
Je crois alors qu’on pourrait ici qualifier d’Art avec un grand A, cette capacité qu’a eue Nabokov à donner une illusion de pureté à son histoire immorale, à dresser un tableau magnifique d’un amour passionné et tragique. Bousculée par ce tour de force, c’est les larmes aux yeux que j’ai refermé ce livre.
Lolita est tout simplement un de ces romans qui nous donnent la sensation de ne plus pouvoir s’arrêter avant de connaitre le fin mot de l’histoire.
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