Ce roman est écrit sous forme de confession, destinée au tribunal, son auteur prend le pseudonyme ironique d'Humbert Humbert. L'homme est un quarantenaire torturé, il est irrémédiablement attiré par les très jeunes filles, mais pas n'importe lesquelles, seulement celles qu'il appelle les nymphettes. Ce ne sont pas les plus jolies, mais celles qui émettent comme une aura de séduction, qui disparaît une fois pubères, il a l'impression qu'elles jouent avec lui. Ce goût lui est venu lors d'une idylle adolescente avec l'une d'elles répondant au prénom d'Annabelle, dérangé lors de leurs ébats, il n'a pas pu aller jusqu'au bout. La belle nymphette succombera quatre mois plus tard du typhus, H. H. ne s'est jamais remis de cette aventure avortée. A l'âge adulte il entretient des relations sexuelles avec des femmes de son âge, plus par hygiène que par goût, et il se plait à déflorer mentalement les petites filles dans les parcs. Il ne passe jamais à l'acte, dans sa quête vers la normalité il épouse une femme d'une trentaine d'années qui a l'avantage d'avoir des côtés enfantins, mais cela ne suffira pas à le séduire. Il se comporte avec elle comme un véritable tyran et elle fuira son joug avec un conducteur de taxi fort courtois, ce qui mettra en fureur notre héros, plus par orgueil mal placé que par amour pour son épouse. Un membre de sa famille lui propose de venir passer des vacances à la campagne, il a une fillette de douze ans, trop content de l'aubaine Humbert se précipite pour faire ses bagages. A peine arrivé, on lui annonce que la maison a brûlé et qu'il ne pourra donc pas être hébergé, mais qu'il n'aie crainte, une voisine se propose de lui offrir le gîte. H.H. est prêt à reprendre le volant tout de suite, mais il accepte tout de même de visiter le domicile qu'on lui propose, une piètre chambre ainsi qu'une hôtesse est vulgaire qui semble déjà s'être entichée de lui. Quand soudain, la révélation, il aperçoit la fille de sa future logeuse, Lolita, Humbert y voit d'abord la réincarnation de son Annabelle perdue, il en est tout retourné, puis petit à petit il découvre des détails de son nouvel amour, la manière de boucler de ses cheveux, son nez retroussé... Il tombe fou amoureux d'elle. C'est décidé il fera tout pour l'avoir, ce sera Lolita ou rien.
Lolita est un roman qui a fait scandale, ne nous voilons pas la face il traite de pédophilie. Cependant Humbert n'est pas un simple violeur de petites filles, Lolita le cherche et c'est elle qui s'offre à lui, elle aime les hommes mûrs et elle ne voit l'acte sexuel que comme un jeu, n'en saisissant pas les conséquences. Leur relation est vraiment ambigüe, l'amour d'Humbert est obsessionnel, passionnel, elle est toute sa vie, il est prêt à tout pour la garder à ses côtés, pourtant il se comporte avec elle en véritable tortionnaire, il monnaie ses caprices d'adolescente contre des câlins plus ou moins poussés. Il n'y a aucune réciprocité dans les sentiments que lui voue la jeune fille, elle se sert de lui pour ses caprices et s'adonne à ses caresses pour satisfaire ses désirs matériels, faisant monter les enchères tant qu'elle le peut. J'ai été profondément touchée par les premiers temps où Humbert vis sous le même toit que Lolita et dévoile au lecteur son amour pour elle, on ressent profondément les premiers émois amoureux, vrais, tendres. On n'arrive pas à haïr Humbert malgré le côté malsain et de ses sentiments et odieux de ses actes. Contrairement au héros du Démon, qui lutte contre ses pulsions, celui-ci essaye au contraire de justifier ses goûts en donnant des exemples de mariages d'hommes illustres avec des fillettes. L'essentiel du roman est un road-trip, ce qui aère l'histoire d'amour de façon bien agréable, j'avais peur qu'elle ne soit confinée, et justement elle gagne en rebondissements au fil des arrêts dans les hôtels de tout les états-unis. Contrairement à beaucoup d'autres ouvrages qui eux aussi ont été soumis à la censure, on ne trouve aucune occurrence scabreuse dans les pages de Lolita, tout est sous-entendu, ce qui est tellement plus subtil. Je comprends pourquoi cet ouvrage est devenu un classique de la littérature, un livre audacieux, poétique quand il le faut sans tomber dans le roman à l'eau de rose.
Lolita a été adapté au cinéma en 1962 par Stanley Kubrick puis en 1997 par Adrian Lyne.