Jeu de pouvoir, jeu de hasard.

C'est toujours déroutant un K.Dick et assez épais en terme de concepts. Ici encore il nous plonge dans un monde complexe qu'il ne nous raconte jamais entièrement. La bouteille, les équations du Minimax, le meneur de jeu, les cartes de pouvoir, les classifications 7-8, 8-8, des tas de concepts qui trouvent une place cohérente dans son monde. Il est toujours étrange cependant de devoir circuler dans un univers qu'on ne maîtrise pas totalement. Car c'est ce qu'il fait K.Dick à chaque fois, il invente un monde régi par des codes (comme dans tout roman de Science-Fiction) mais il ne prend pas la peine de tout dire, des fois il peut écrire un mot comme ça, sans l'expliquer derrière, et tout passe par le dialogue. D'ailleurs ça aussi il faut le noter : K.Dick est un dialoguiste de génie. Ses personnages ne sont pas ultra étoffés mais leurs conversations sont rythmées, elles rebondissent, repartent, se reprennent et nous livrent les informations nécessaires à la compréhension du monde dans lequel les protagonistes vivent.

Qu'est-ce qui ressort de cette histoire au final ? Une aventure palpitante et pulp, avec des bonnes scènes d'actions et une réflexion autour du pouvoir et du hasard, et ce que les deux donnent lorsqu'ils sont explicitement liés. Une histoire politique donc, avec des enjeux sérieux. K.Dick nous peint des personnages pris dans un jeu gigantesque, certains s'interrogent sur la moralité de tout ça, comme Benteley, d'autres courent après le pouvoir quitte à renier l'humain, comme Verrick. L'ensemble des personnages, pris dans une compétition violente dont la récompense est un pouvoir absolu mais temporaire, nous montre que si le pouvoir était un jeu de hasard, nombre de gens seraient prèts à tricher.

Et puis le livre se termine sur les mots d'un prophète explorateur qui dit sur l'homme exactement ce que K.Dick nous illustrait juste avant, c'est-à-dire que l'homme cherchera toujours à aller de l'avant, à dépasser sa condition, à tricher sur elle-même.

Le but le plus élevé de l'homme est de ne jamais s'arrêter

Un roman qui n'a pas l'apparence d'un grand livre mais qui reste très prenant et qui brasse quand même des idées et des concepts intéressants.