Bien, la première chose qu'il faut expliquer avec ce livre (et que j'ai découvert à mes dépens) c'est que le roman publié en français sous le titre de Love, etc n'est pas le roman publié en anglais sous le même titre. En fait, le Love etc français correspond à Talking It Over. Alors que Love etc en anglais, qui est la suite, a été publié en français sous le titre Dix ans après. Voilà, c'est pas mal de le savoir, ça évite les quiproquos.


Et donc la critique qui suit concerne Love etc (Talking It Over). ça va, vous suivez ? Bien avançons un peu parce qu'après on va encore dire que je m'étale.


Love etc c'est un triangle amoureux. Stuart et Oliver sont des supers potes. ça bitch un peu l'un dans le dos de l'autre, mais c'est des BFF. Stuart est le gars pragmatique, terre-à-terre, un peu chiant. Il rencontre Gillian, qui n'est ni la bombe du siècle, ni la nana la plus extraordinaire du monde. Ils se fréquentent, tombent amoureux et se marient. Jusque là c'est chiant mais classique. Après c'est assez classique aussi hein. Le Oliver déprime parce qu'il n'a pas de meuf et qu'il s'est fait virer de son taf pour harcélement sexuel (classy). Et comme il s'ennuie, son petit cerveau vagabonde et le seul truc sur lequel il peut se fixer c'est Gillian. Il tombe donc fou amoureux d'elle et entend la conquérir.


Bon là je spoile un peu mais ce qui est intéressant dans ce livre c'est pas l'histoire donc on s'en fout. Oliver séduit Gillian qui quitte Stuart. Gillian et Oliver se marient avec la cérémonie la plus gênante de l'histoire des mariages. Et après quelques mois ils partent vivre heureux dans un petit village français pittoresque et font un bébé. De son coté, Stuart a un peu les boules mais c'est pas un fragile (il insiste un peu là dessus). Il se casse aux USA, devient un gros bonnet de la banque, brasse du fric et entretient des relations superficielles avec ses congénèrent, relations parfois tarifées.


Tout le monde a donc une maxi vie de rêve (on ne vomit pas au fond, je vous vois). Et puis comme Stuart est super bien passé à autre chose, il décide de se rendre dans le petit village français de son ex femme où il va se planquer et l'épier, elle, son mari et sa fille, pendant plusieurs jours. Et ce jusqu'à ce que Gillian la maligne simule une terrible dispute entre Oliver et elle au milieu de la rue.


Bon, on va faire tout de suite un petit point #metoo. Oliver a donc des petits soucis avec le consentement. Mais bien sûr, ses deux amis ne le voit absolument pas comme un prétateur, juste un dragueur un peu lourd (coucou Denis !). D'aileurs, Stuart n'hésite pas à recommander à son ami harceleur de passer du temps seul avec sa femme. Il a aussi un petit problème de self control puisque durant sa dispute avec Gillian, il lui en colle une, ce qui choque ces gros coincés de français.


Là, direct, vous passez dans la team Stuart. Il faut dire que sur cet opus là, il s'en sort plutôt bien. Dans l'autre livre c'est pas le cas. Mais c'est pas non plus le sujet.


Comme dit plus haut, l'histoire n'a pas un grand intérêt. En réalité c'est assez plat. Les personnages ne sont pas franchement attachants. C'est un de ses livres qu'on lit et puis quand on le pose, on s'en fout un peu. On le finit par principe, pas parce qu'il accroche.


En revanche, il faut admettre que l'écriture est très travaillée et l'exercice de style intéressant.
L'histoire est racontée par chacun des personnages, en adresse directe au lecteur. Le narrateur est identifié par son nom en début de paragraphe mais c'est presque inutile. Car Julian Barnes ne fait pas les choses à moitié. Chaque personnage a son style et sa façon de raconter. C'est très réussi. Et chacun évidemment a son point de vue. Un même personnage peut raconter une même scène plusieurs fois, en la rectifiant. Bref, pour citer le roman : ils mentent comme des témoins occulaires.


Ce n'est surtout pas une comédie romantique. L'humour est très grinçant (très anglais). Mais à choisir, je préfère Jonathan Coe. Quant au romantisme, il est vite anéanti par un terrifiant cynisme. Personnellement, ça me va. Comparer l'amour et l'économie de marché, je trouve ça intéressant.


Intéressant restera le meilleur qualificatif pour ce livre. C'est une curiosité narrative mais pas le roman du siècle.

Felin-Sceptique
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le 15 févr. 2019

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