Dystopie conceptuelle
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le 5 janv. 2017
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Dans un monde déboussolé, où mêmes les sternes arctiques et les papillons monarques ont perdu leurs repères, LoveStar a fait fortune grâce à l’invention de l’homme moderne et sans fil, capitalisant sur les ondes émises par les animaux migrateurs. Il en résulte une société un tantinet dystopique où l’humanité a renoncé à son libre-arbitre pour adopter la marchandisation de son existence, asservie aux trouvailles marketing du créateur de la multinationale. Contre quelques milliers de couronnes, InLove calcule votre âme sœur, LoveMort fait de vos funérailles un moment festif et ReGret vous conforte dans vos choix. Pour financer ces applications coûteuses, rien de plus simple : il suffit d’aboyer des slogans publicitaires ou d’héberger des messages subliminaux à destination de vos proches.
Dans ce meilleur des mondes possibles, Indriði et Sigríður vivent leur amour sans se soucier d’autrui. Une relation fusionnelle et absolue. Jusqu’au jour où InLove calcule l’âme sœur de Sigríður. Et celle-ci n’est pas Indriði. Contre tout et contre tous, le couple refuse l’évidence s’exposant au harcèlement, à l’intimidation et au déclassement…
« Lorsqu’une idée voit le jour, l’homme dont elle s’empare se vide. »
LoveStar fourmille d’idées, toutes plus baroques, incongrues, bizarres, poétiques… que les autres. Andri Snær Magnason ne semble d’ailleurs pas en manquer pour mettre en scène un monde absurde, à la fois ultra-capitaliste, hyper-technologique et chimérique. Mais, il faut s’accrocher et accepter de doper sa suspension d’incrédulité (personnellement, j’ai rapidement échoué). D’aucuns trouveront les idées de l’auteur islandais amusantes, ironiques ou déjantées. Personnellement, ce foisonnement m’a assommé, me faisant frôler l’indigestion. Je crois qu’il y a ici un état d’esprit auquel je n’adhère pas du tout. A ce propos, la quatrième de couverture convoque les mânes de Boris Vian pour louer les qualités de l’univers de LoveStar. J’y ai décelé également du Antoine de Saint-Exupéry, en particulier Le Petit Prince, conte que je déteste. Ceci explique cela… Toujours est-il que j’ai décroché très vite, me désintéressant de sa critique sous-jacente du capitalisme consumériste et de la société du spectacle. Sur ce sujet, autant revenir aux classiques : lisez le caustique Planète à gogos, bordel !
Mais, ce sont surtout les choix narratifs de l’auteur qui me laisse dubitatif. Tout d’abord, sa propension à vouloir tout expliquer au lieu de suggérer, des pages et des pages qui font passer l’histoire d’amour de Indriði et Sigríður au second plan. Sur ce point, je dois reconnaître avoir trouvé aussi la relation du couple particulièrement nunuche. Et puis, malgré quelques trouvailles hilarantes, comme le rembobinage des enfants où le conditionnement à aboyer ou héberger des publicités, LoveStar n’incite guère à l’empathie. Le traitement demeure froid, clinquant et dépourvu de véritable horizon d’attente. Bref, je me suis bien ennuyé.
LoveStar a recueilli les suffrages de la majorité des jurés du Grand Prix de l’Imaginaire en 2016, comme en atteste le bandeau. Personnellement, il rejoint illico mon palmarès des rendez-vous manqués.
Créée
le 8 mars 2018
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