Insupportablement fascinant, voilà deux adjectifs que je lance pour résumer ce roman magnifique ...
D'abord un mot sur Daphné du Maurier, romancière anglaise dont j'ai lu cinq romans dont l'immense "Rebecca". Ses livres sont superbement écrits. Son style est simple et fluide. Daphné du Maurier a un véritable don de conteuse en ménageant ses effets et une attente du lecteur. Souvent, elle part d'un évènement ou d'une situation plutôt anodins à partir desquels elle brode doucement et lentement amenant le lecteur brusquement à une situation devenue apparemment irréversible avec un suspense qui devient progressivement haletant jusqu'à une conclusion souvent inattendue et toujours rapide.
Et dans "Ma cousine Rachel", c'est comme cela que ça se passe. Philip, orphelin est recueilli et élevé par son cousin Ambroise Ashley, gros propriétaire en Cornouailles et "vieux garçon" , qu'il vénère au-dessus de tout. Ce dernier, lors d'un voyage à Florence se marie avec une certaine Rachel et meurt d'une maladie possiblement congénitale. La haine que Philip adopte d'emblée vis-à-vis de Rachel se mue peu à peu en un amour aussi irrationnel qu'impossible et non partagé.
Tous les ingrédients sont là pour un roman où argent, crime et romance voisinent avec manipulation.
Mais qui manipule qui ? Et dans quel but ? D'autant qu'un italien, conseiller juridique et financier, Rainaldi, grand ami intime de Rachel qu'il connait depuis des lustres, bien avant son mariage, s'invite au bal générant un nouveau problème, cette fois de jalousie...
Qui manipule qui ? Une chose est sûre, il y a au moins Daphné du Maurier qui manipule le (pauvre) lecteur en lui faisant prendre de fausses pistes, en jouant sur les ombres et les lumières de chacun des personnages.
Délicieusement agaçant : je parle de Philip, jeune de 25 ans, qui ne connait rien de la vie et des femmes ou si peu. J'ai lu ce roman au moins trois fois depuis que je le possède et malgré tout, combien de fois en voyant faire Philip, je suis tenté de lui dire : "mais fais gaffe, bon dieu ! ne fais pas ça" et malgré ça, il le fait et va au bout de la connerie à en avoir honte pour lui…
Délicieusement attachante : Rachel bien sûr qui est si belle, si passionnée un peu comme ces plantes très belles et très attirantes mais malheureusement vénéneuse. Au fait, est elle vraiment vénéneuse ou est-ce un effet de trompe-l'œil ?
Rachel et Philip : insupportablement fascinants mais si délicieusement attachants.
Rachel, mon tourment.
A venir bientôt la critique de l'adaptation du roman par Henry Koster avec O. de Havilland et Richard Burton...