Ma sœur, serial killeuse : voici un titre qui donne envie de lire (ou pas) selon son attachement au genre du thriller plus ou moins sanglant. Bonne nouvelle : le premier roman de la nigériane Oyinkan Braithwaite échappe aux éventuels clichés de la catégorie et a a de bonnes chances de plaire aux amateurs de romans noirs judicieusement saupoudrés d'humour de la même teinte. Nous sommes en plein drame avec cette jeune femme qui met radicalement fin à ses histoires d'amour et qui oblige sa sœur (la narratrice du livre) à intervenir pour éviter la prison à la malheureuse aussi jolie qu'inconsciente (d'autres qualificatifs, moins amènes, sont possibles). En plein drame, donc, mais aussi dans une comédie anthracite qui se fiche bien de la morale face aux valeurs de la sororité. Cinquante nuances de noir cohabitent dans ce roman jubilatoire, aux chapitres courts, au style visuel et efficace et au rythme effréné, ce qui ne l'empêche de dresser un tableau édifiant d'une certaine société, plutôt privilégiée, de Lagos. Dans Ma sœur, serial killeuse, les hommes sont soit stupides soit assassinés. Et souvent, les deux à la fois. Et ce n'est pas le moindre des plaisirs que de voir le machisme ambiant ridiculisé et martyrisé ! La quatrième de couverture évoque une oeuvre aussi mordante que glaçante mais elle est surtout délicieusement divertissante.