Lu en Mai 2020. 8/10
Voilà j'en ai fini de Madame Bovary ! Et non je n'en suis pas spécialement soulagé, j'aimais bien. À vrai dire j'aurai bien voulu continuer quelques heures à lire cette sublime plume mais bon comme une heure de lecture nécessitait 6 mois d'écriture j'vais me contenter de mon baluchon pleins d'une dizaine d'heures !
Je suis vraiment heureux d'avoir apprécié ce bouquin. Comme je suis heureux de ne pas avoir découvert Flaubert par là ne serait-ce que 2 ans auparavant car je n'aurais certainement pas apprécié. Comme je suis reconnaissant à ma prof de français de 1ère de nous avoir fait lire « Un cœur simple » et « Les Trois Cnntes » plutôt que ça directement pour découvrir cet auteur riche et délicat à aborder. Car lire Mme Bovary c'est avant tout un état d'esprit. D'ailleurs sur mes 3-4 sessions de lectures j'ai plus ou moins aimé ce temps en fonction de mon état d'esprit avant d'entamer le livre. Et ça s'explique facilement puisque c'est un livre sur rien. Enfin...
Si, en effet c'est l'histoire d'un campagnard bourgeois naif et niais (mais au grand cœur) qui se marie avec la belle Emma Bovary. Elle s'embourgeoise à outrance à son contact et surtout au contacts d'hommes beaucoup plus excitant que ce pauvre Charles. Elle croit donc vivre de grandes histoires d'amour romanesque avec Léon puis Rodolphe puis Léon et elle en profite pour dilapider le compte commun en frivolités. Elle finit par se suicider après une vie matrimoniale qui n'a été qu'un long et douloureux saut de l'ange.
Toute cette histoire se déroule dans l'univers de la bourgeoisie normande avec entre autres M.Homais, un pharmacien qui a fait toute sa réputation tout seul, qui se réclame des Lumières et qui s'aime presque autant qu'il aime qu'on l'aime...
En bref ce paysage de personnages est tout ce que Flaubert exècre et d'ailleurs ce Madame Bovary n'est qu'une sorte d'exercice de style pour expurger son romantisme « ridicule » de sa précédente œuvre. Ainsi, il s'ancre dans la stricte réalité avec un perfectionnisme et une rigueur acharnée par contrainte.
Heureusement, il se défoule sur chaque personnage dont leurs idées et leur caractère sont fort peu séduisants. Et grâce à un cynisme très fin de l'auteur, ils parviennent à nous faire sourire de leur risibilité triviale.
Attitudes triviales à l'inverse du style Flaubertien brossé et méticuleux. Chaque phrase est aussi légère de rythme que de sens. Et je le répète, si on est bien luné et qu'on s'attend à ça on s'en accommode très bien.
Alors voilà, c'est un livre dont le contexte est aussi voire plus intéressant (et plus étudié) que le traité. Mais même en temps qu’œuvre solitaire, elle lévite dans le paysage littéraire tel l'albatros le plus ridicule. Attrapée puis relâchée par les braconniers, balancée par le roulis du ciel et des vagues, Madame Bovary est une très grande œuvre sur laquelle tout le monde à un avis mais qui demande rien à personne pour exister.
« Le père Rouault trouvait que sa fille avait trop d'esprit pour la culture ; métier maudit du ciel, puisqu'on y voyait jamais de millionnaire »
« -Crois tu m'avoir pris vierge ? Exclamait Rodolphe en riant. Emma pleurait, et il s’efforçait de la consoler, enjolivant de calembours et de protestation »
« M.Homais citait du latin tant il était exaspéré. Il eut cité du chinois et du groenlandais, s'il eut connut ces deux langues »