L'espace d'un combat
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L'ouvrage s'ouvre sur une critique concrète de la religion. Il est toujours plaisant de voir un intellectuel démonter la religion de manière logique. Ici Freud ne fait pas de dialectique, il annonce le but de son raisonnement (de manière plus ou moins dissimulée), en énonce les prémices puis conclu désespérément à l’intolérable escroquerie de la religion.
Cet essai parle plus généralement de la condition humaine, que Freud conçois de manière hédoniste puisqu'il considère que les hommes sont poussés à rechercher le bonheur et éviter la souffrance. La réussite dans la quête du bonheur étant finalement assez complexe, beaucoup se focalisent donc sur l'évitement de ce qu'ils considèrent comme étant la source principale de leurs maux. Freud insiste sur la difficulté universelle d'accomplir objectivement cette quête du bonheur, ce qui explique toutes les différentes stratégies visant à « réduire » les champs du réel, que cela soit de manière matériel tout autant que spirituel. En faisant cela, le sujet a prise sur les tenants et les aboutissants de ses affects, il rationalise en quelque sorte l'interprétation du réel, en donnant plus de sens à une partie seulement de sa vie.
Pour prendre des exemples simples : l'ascète se concentre sur la spiritualité et le monde intérieur, le savant se concentre sur le développement de ses idées, le libertin sur les plaisirs de la chaire.
On revient ensuite au sujet de la culture. Pour Freud, la culture s'oppose à la nature en ceci qu'elle refrène les pulsions. Pour simplifier, Freud conçoit l'homme comme gouverné par deux forces internes antagonistes : la pulsion de vie et la pulsion de mort. Cette dernière pousse l'individu à s'attaquer à lui même mais aussi aux autres. La culture combat cette mécanique destructive, elle est donc essentielle au bien être de la société en général, mais paradoxalement elle est également néfaste car elle amène à refouler des élans que les hommes portent en eux de manière innée. A mon sens, c'est ce paradoxe qui amène Freud à parler de « malaise dans la culture ».
Ce malaise est aussi la conséquence d'une répression de pulsions dans l'enfance, avec encore une fois deux faces contradictoire d'une même pièce : l'enfant, refrène ses pulsions par peur des réprimandes de ses parents. Il conserve donc l'amour parentale (face positive) mais encore une fois récolte de la frustration due à la non-réalisation des pulsions (face négative).
Il fait ensuite une supposition qui considérerait le surmoi interne à chaque individu et la culture comme deux vecteurs parallèle, tout deux agissant dans la même direction, le second étant l’élargissement du premier.
Ce qui est agréable quand on lit ce livre, c'est que Freud nuance beaucoup son propos, on comprend bien qu'il est en perpétuel recherche de réponses, même à la fin de sa vie. D'un point de vu de l’honnêteté philosophique c'est très appréciable. On est très loin des affirmations dialectiques de certains philosophes!
Je recommande grave
Créée
le 17 nov. 2018
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