Mansfield Park
7.3
Mansfield Park

livre de Jane Austen (1814)

De cette romancière Jane Austen, j'arrive presqu'au bout de son œuvre avec "Mansfield Park" qui est un roman de "la maturité". Il faut entendre par cette expression que contrairement à certains romans comme "Orgueil et Préjugés" ou "Raison et Sentiments" qui ont été commencés tôt et publiés tardivement, "Mansfield Park", comme "Emma", ont été écrits sur des périodes plus courtes mais dans la deuxième partie de la vie de Jane Austen.

De fait, je trouve que "Mansfield Park" est d'un d'accès plus difficile que les autres romans d'Austen.

Au départ du roman, il y a les trois sœurs Ward qui vont connaitre des destins différents qui donneront une orientation au roman. Une des sœurs a fait un beau mariage avec le baronet Sir Thomas. La deuxième fait un mariage de raison avec un clergyman, Mr Norris qui mourra rapidement la laissant veuve et la troisième fait un mariage d'amour avec Mr Price, pauvre, avec une foultitude d'enfants. Sir Thomas, dans sa grande bonté, conscient de sa bonne fortune, décide de recueillir la veuve, Mme Norris et une des filles Price, Fanny, 10 ans, dans sa grande demeure de Mansfield.

On repère très vite que le personnage principal du roman sera cette Fanny Price, recueillie par charité dans la famille Bertram. En quelque sorte, Austen fait de son roman, un chemin d'apprentissage de 10 à 18 ans en chemin plutôt hostile. Fanny va naviguer entre indifférence de la part de la famille Bertram et mépris de la part de la veuve Norris à l'exception notable d'Edmond, fils cadet Bertram, qui entretient avec elle une relation amicale et protectrice.


Tout l'intérêt du roman va reposer sur l'évolution de Fanny qui est une enfant très timide, consciente de son infériorité et de la "chance" qu'elle a eue d'être extirpée de sa famille (pauvre) pour accéder à une bonne éducation … Discrète, effacée, acceptant les rebuffades (malveillantes) de sa tante Norris, elle est douée d'une grande capacité d'observation de la micro-société qui l'entoure et se forgera, en même temps, une véritable personnalité. C'est ainsi qu'elle percera à jour les vrais caractères des deux jeunes Crawford, Henry et Mary. Henry qui tente de la séduire en vain et Mary qui s'intéresse à Edmond.

Comme souvent, c'est aussi l'occasion pour Jane Austen de stigmatiser les limites du régime patriarcal d'une famille à travers le comportement de Sir Thomas qui veut garder la haute main sur les destinées des enfants suivant son propre intérêt (ou l'intérêt supposé de la famille) mais qui en fait n'est pas capable de maîtriser leurs comportements.

Bien entendu, lorsque survient la crise au sein de la famille Bertram, Jane Austen va faire triompher la vertu à travers le comportement irréprochable de Fanny. Le plus drôle sera qu'elle va quand même examiner une alternative possible pour résoudre habilement la crise. Mais cette alternative, faite de diverses compromissions, n'est pas acceptable. Évidemment.

Le portrait de Fanny est magnifique. On ne peut qu'aimer le personnage de cette jeune fille, fait d'une part de timidité et de réserve mais d'autre part de courage, d'intransigeance et de droiture. À la fin, Fanny est devenue le seul élément de stabilité de la famille …

Cependant, sorti du - beau – personnage de Fanny, ainsi que mentionné plus haut, j'ai trouvé que le style de narration ou de construction était plus difficile d'accès que dans les autres romans d'Austen. Des phrases très longues en particulier. Et puis, plusieurs scènes comme la balade à Sotherton ou la représentation théâtrale, anodines en simple lecture, s'avèrent essentielles pour découvrir les différents caractères des personnages qui se révèleront ultérieurement, nécessitant de fréquents retours en arrière.

Au final, cela reste un passionnant ouvrage mais le style un peu lourd fera que je noterai ce roman un peu en retrait …


JeanG55
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Romans britanniques du XVIII au XXI ème

Créée

le 20 avr. 2025

Critique lue 53 fois

10 j'aime

12 commentaires

JeanG55

Écrit par

Critique lue 53 fois

10
12

D'autres avis sur Mansfield Park

Mansfield Park
EIA
7

"Mal aimé(e), je suis l(a) mal aimé(e)"..

Après Emma, et Pride and Prejudice, après Sense and Sensibility, voilà que je m'attaque à ce qui est annoncé comme le roman "le plus profond, le plus dense mais aussi le plus mal aimé" de Jane...

Par

le 29 avr. 2016

7 j'aime

Mansfield Park
ReineMargot
6

Critique de Mansfield Park par ReineMargot

Je suis toute dévouée à Jane Austen, et voici le premier de ses romans qui ne me passionne pas. J'ai dévoré les autres sans pouvoir m'arrêter et celui-ci traine, je le laisse, le reprend, puis...

le 31 janv. 2012

6 j'aime

Mansfield Park
Miss-Naïs
10

"I was quiet, but I was not blind."

A ce que j’ai entendu dire, les gens n’aiment pas Fanny Price. J’adore Fanny. Fanny est fade, renfermée, pleine d’insécurités, ne cherche pas à se mettre en avant; cherche même à se rendre le plus...

le 14 juil. 2015

5 j'aime

1

Du même critique

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

28 j'aime

19

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

26 j'aime

5

Le Désert des Tartares
JeanG55
9

La vanité de l'attente de l'orage

C'est vers l'âge de vingt ans que j'ai lu ce livre. Pas par hasard, je me souviens très bien qu'un copain me l'avait recommandé. J'avais bien aimé. Cependant, je n'ai jamais éprouvé le besoin de le...

le 7 avr. 2023

25 j'aime

33