Biographie romancée comme c'était déjà le cas pour Marie-Antoinette, celle de Marie Stuart par Stefan Zweig narre la vie de la reine d’Écosse, sa jeunesse en France, ses luttes contre les Lords écossais et contre ses propres démons, jusqu'à son exécution en 1587 par la reine d'Angleterre.
On retrouve tout le charme du style de l'écrivain autrichien, avec des faits historiques racontés dans un style romanesque entraînant bien que lorgnant un peu par moment avec le sensationnel lorsque l'on sent que l'interprétation vient se greffer aux faits. C'est peut-être le seul reproche que l'on peut faire à l'approche de Stefan Zweig qui accentue parfois un peu trop par ses considérations sur les sentiments des personnages les aspects dramatiques et certes légendaires de leur vie.
Mais il faut avouer que cela rend la lecture prenante, palpitante et que l'aspect mythique de cette reine tourmentée a traversé les siècles allant bien au delà sans doute de la vérité historique.
C'est tout ce qui fait l'intérêt et le charme de cette biographie, les contradictions et les ambivalences d'un personnage catholique et pieux mais qui se laisse parfois guider par des passions ponctuelles la menant à sa propre perte mais aussi à celles de ceux qui lui sont (temporairement) proches.
Sans parler de cette rivalité au long cours avec la reine Elizabeth, plus raisonnée et raisonnable, plus chaste aussi.
Mais si Marie Stuart a ses torts, et que ceux-ci sont bien démontrés par l'écrivain de Marie-Antoinette, on ne peut que constater que l'adversité avec laquelle elle a eu à composer était considérable. Les trahisons politiques tellement nombreuses qu'elles donnent le tournis, les maris aux caractères tellement versatiles qu'ils en deviennent des ennemis et surtout l'opposition redoutable de l'époque entre protestantisme et catholicisme (réforme et contre-réforme) ont fait qu'un règne apaisé n'était tout bonnement pas possible pour cette jeune reine.
La dignité qu'elle conserve jusqu'à la fin reste un beau moment de littérature et parachève une biographie peut-être pas aussi captivante que celle de l'épouse de Louis XVI mais d'un très bon acabit.