L’ascension intellectuelle d'un marin, la découverte successive des livres, des idées, de l'éducation, de la culture, de l'abrutissement, de la littérature, du système de pensée, des penseurs, de la lutte des classes, des simplifications journalistiques, de la gloire, de la vulgarité, de la médiocrité, des phénomènes de modes, du carcan de la société, du manque de sens de la vie... Rien que ça.
La première partie est magnifique, un vrai compte de fée. La volonté comme ascenseur social et culturel. On en vient à s'en vouloir de ne pas en faire plus nous mêmes pour atteindre ces hautes sphères de l'esprit desquelles le héros se délecte. Moi aussi, je veux lire Spencer.
Mais à l'éloge de l'intelligence succède quand même une critique du fonctionnement de la société, qui méprise les vrais puissants, les chevaliers, et porte aux pinacles la banalité et la conformité bien-pensante. La dernière partie est très sévère et nous fait brutalement redescendre sur terre. On est un peu frustré que tout ne se passe pas aussi bien que l'on ne l'espérait pour le héros, et c'est ça la puissance de cette critique: elle amène à voir le dysfonctionnement d'une société de telle façon que personne ne peut le nier. Les quelques pages politiques qui font la transition entre les deux phases du récit permettent de théoriser quelques peu le décalage entre l'idéal et les évènements, sans que l'auteur ne prenne réellement parti.