Contrairement à la mythique Médée, celle de Ludmila Oulitskaïa n’a jamais eu d’enfants, ce qui ne l’empêchera pourtant pas d’être le cœur d’une famille nombreuse et unie. Avec délicatesse, l’autrice nous livre le récit de cette famille grecque de Crimée dans les années 1970, dépeignant avec subtilité quantité de personnages originaux, attachants, dont aucun ne ressemble à aucun autre, et chacun sonne si juste et si réel. Ludmila Oulitskaïa, généticienne de formation, affectionne particulièrement ce thème, et s’attache à travailler l’essence qui erre à travers les générations, d’individu en individu. Les membres de la famille ne sont pas de simples figurants dans l’histoire de Médée, chacun à son tour est le point central de l’histoire, et chacun est révélé dans son individualité et dans son appartenance à la collectivité. Ce travail artistique - presque scientifique - aboutit parfois sur quelques longueurs dans le récit, une généalogie complexe qui freine la lecture, certains passages un peu lassants ; mais dans l’ensemble, le roman est séduisant et agréable à lire.