C'est quand même vachement souvent que tu puises dans le passé pour tomber sur des pépites qui te font comprendre que c'est toujours droit devant qu'il faut regarder, nan ?
Tom Robbins n'est plus à présenter ; et puis de toute façon, ce type sera forcément ton ami imaginaire le temps d'un bon roman bien tassé de 400 pages comme il a l'habitude de nous offrir depuis 40 piges.
Je ne sais absolument pas pourquoi j'ai mis quasiment dix ans à ouvrir ce livre qui me faisait du gringue depuis le début. D'apprendre qu'en plus il y a eu une adaptation faite par Gus Van Sant avec Uma Thurman, Keanu Reeves, John Hurt et narré par Robbins lui-même c'est ... le gâteau sur la cerise (qui a elle-même un gâteau en dessous, mais ce n'est que mon humble avis).
Tom Robbins pour ceux qui prennent le train en cours de route est l'un de ces imagiciens, de ceux qui te fabriquent des situations à partir de trois bouts de bois, un talent de conteur hors pair (né d'une partouze blanco-indienno-gitane si tu veux mon avis), un sens de la narration que seuls toi et tes potes arrivent à créer quand vous êtes dans l'intimité de cette cuite à venir où tout vous paraît évident tout en étant complètement barge, et cette impression de détenir ...LA CLÉ !!
(mais de quelle putain de clé tu parles Lou redescends...)
+un sens de l'humour aussi aiguisé que son amour pour l'humain.
La preuve dans ce roman que je te conseille fortement de te coincer sous les yeux pour son avant gardisme (le livre a été publié une première fois en 78 quand même, et d'un point de vue sociologique, médical et libertaire, il puise déjà dans les références toutes jeunes du moment (Oates / Butler, ...).
Même les cow girls ont du vague à l'âme est un grand roman, qui introduit Sissy Hankshaw, une jeune femme qui fait de son handicap (deux pouces d'une taille démesurée) une force, les mettant à profit pour se faire la malle à travers l'Amérique de la Beat Generation et ce depuis son plus jeune âge.
Coincée dans ce magma de domination masculine qu'ont été les années 50, Sissy - à qui on prête une aventure avec Jack Kerouac mais avec qui il ne s'est rien passé tellement le mec était pas dégourdi - rougit beaucoup quand elle partage l'intimité avec les femmes, ce qui ne l'empêche pas d'être folle amoureuse de son époux amérindien éjaculateur précoce et doux. Elle rencontrera au fil de ses aventures un couple libertin complètement vrillé, une bande de cow girls qui ont le chic pour foutre un sacré bordel, un gourou japonais que l'on surnomme Chinetoque - racisme facile de l'époque oblige à tout mélanger - et des va et viens entre une narration présente et narration d'un peu plus tard ou d'un peu plus tôt c'est pas très important parce qu'après ça se règle un peu mieux tu verras (et en plus l'auteur t'étale sa petite crotte de nez pour au cas où tu serais perdu.e)
Voilà. Ça justifie la semaine qu'on passe à lire un roman en prenant son temps, un rab de vacances, de poussière, d'élans libertaires et de liberté qui prennent pas vraiment de rides (et puis au fond on s'en fout, les rides c'est loin d'être dégueu si tu veux tout savoir).